Référen-ciel, références bibliques dans leurs configurations historiques
Site de références dans la Bible, son histoire, sa tradition.
Verset(s) de la Bible Mt 25,31-46
Célèbre parabole que celle du jugement dernier qui a suscité bien des homélies et inspiré bien des leçons de morale !
Mais, n'y a-t-il pas dans ce texte bien plus qu'une "morale" ?
C'est ce que met en lumière le commentaire.
Ce faisant, il fait apparaître l'enracinement très ancien de cette parabole à teneur apocalyptique.
La parabole du jugement dernier
(25,31) Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire.
(25,32) Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs.
(25,33) Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.
(25,34) Alors le Roi dira à ceux de droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde.
(25,35) Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli,
(25,36) nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir...
Bible de Jérusalem (Ed. 1975)
(25,32) Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs.
(25,33) Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.
(25,34) Alors le Roi dira à ceux de droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde.
(25,35) Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli,
(25,36) nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir...
Bible de Jérusalem (Ed. 1975)
Pour voir le texte biblique complet de Mt 25,31-46
Ce tableau permet de situer la genèse d'un texte biblique (Mémoire, Écriture, Relecture) dans un contexte
de religions environnantes, seuil par seuil, dans des expressions de foi situées.
de religions environnantes, seuil par seuil, dans des expressions de foi situées.
Religions environnantes | Seuil | Expressions de la Foi | Genèse du texte | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
La religion mésopotamienne | 1 | Les dieux du ciel - Aux origines | |||||
La religion égyptienne | Patriarches - Le semi-nomadisme | ||||||
La religion d'Ugarit | Assimilation/rejet - Immigration | ||||||
Début de l'écriture biblique | |||||||
- VIIIe siècle | Le Baal syro-phénicien | 2 | Luttes contre Baal - Royaumes unifiés | ||||
- VIIe siècle | Le Marduk assyrien | Trahison du frère - Chute de Samarie | |||||
L'Alliance - Le Temple de Josias | MEMOIRE 1 | ||||||
- VIe siècle | Le Marduk babylonien | Hénothéisme - L'Exil | |||||
- Ve siècle - IVe siècle |
Mazdéïsme perse | Monothéismes d'Alliance | |||||
Prêtres et Légistes - Second Temple | |||||||
Courant apocalyptique | |||||||
- IIIe siècle | L'Hellénisme égyptien | Hellénisation - Alexandre | |||||
- IIe siècle | L'Hellénisme syrien | Persécutions - Antiochus IV | MEMOIRE 2 | ||||
L'Hellénisme syrien | Séparation des Asmonéens - Esséniens | ||||||
- Ier siècle | Rome | La foi dans un Judaïsme éclaté | |||||
de 0 à 33 | Judaïsme officiel et apocalyptique sous domination romaine | 3 | Jésus, irruption d'un nouveau monde | ||||
Jésus et le Temple | ECRITURE 1 | ||||||
Jésus et la Torah | |||||||
Jésus et la Pâque | |||||||
Premiers écrits du Nouveau Testament | |||||||
de 33 à 70 | Judaïsme officiel | 4 | A Jérusalem | ||||
Missions Judéo-chrétiennes | |||||||
En Samarie | |||||||
En Syrie | |||||||
A Rome | |||||||
A Ephèse | |||||||
La tradition patristique | |||||||
+ 135 | Judéo-christianisme | Les Pères apostoliques | |||||
Les Pères d'Orient | |||||||
Les Pères d'Occident | |||||||
Les Pères du désert | |||||||
Des Victorins aux Scholastiques |
L'Evangile de Matthieu sur le jugement dernier est seul dans la tradition évangélique. On pourrait alors le penser largement postpascal. Pourtant, il reflète une tradition présente dans le judaïsme bien avant Jésus. Le texte de Matthieu n'en est pas une copie. Il a pu hériter d'un même fond traditionnel mais représente une option dans l'interprétation de ce fond, tout à fait conforme à la plus ancienne prédication de Jésus.
Cette identification est placée aussi bien chez Luc que chez Matthieu. Cf. la tradition Q sur le mariage, l'amour de l'ennemi, l'amour d'autrui, en tête du Sermon sur la montagne (Mt 5) et (Lc 6), la plus ancienne tradition catéchétique de la prédication de Jésus.
Elle apparaît au début de la prédication de Jésus :
(Mt 5,20-26) et à la fin : Mt 25,31-46.
Le Fils de l'homme : YHWH, tel un guerrier
(25,31) Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. Le Fils de l'homme est ici décrit comme un guerrier escorté des "fils de Dieu" (anges) qui ont permis la victoire sur les peuples. Le Fils de l'homme est donc celui qui, étant auprès de YHWH, assure ses combats sur la terre, avec les armées célestes. On trouve ce titre de "guerrier" dans le chant de victoire de Moïse après le passage de la mer (Ex 15). (+1)
Ce "Fils de l'homme" au ciel (cf. Dn 7 : guerrier jeune, émule de YHWH, trônant avec Dieu, l'Ancien) est, au temps des persécutions, rejoint par ceux qui donnent leur vie par amour de la Torah : "Pour un temps ils ont été vaincus, mais à eux sera conféré le jugement" (Dn 7,26s). Ils seront avec le Fils de l'homme, quand il viendra, à la fin des temps, pour le jugement final. (+2)
L'imitation de Dieu dans la vie rituelle et quotidienne conduit à une autre imitation de Dieu, celle vécue dans le martyre et qui rejoint le "Fils de l'homme" pour le jugement. (+3)
La question est posée : - Jésus va-t-il mettre l'accent sur l'imitation de la miséricorde et de la grâce à exercer en faveur des pauvres, comme dans la tradition rabbinique ?
- Ou mettra-t-il l'accent sur l'identité entre le pauvre et le "Fils de l'homme" ?
La croisée de ces deux traditions, évangélique et rabbinique, permet de situer la clef de la rupture entre le Judaïsme officiel et Jésus. En effet, la mort de Jésus est un fait qui a du reposer sur une série de dissensions du même genre. L'identification entre le pauvre et le "Fils de l'homme" (YHWH guerrier) a pu jouer un rôle déterminant dans sa mort.
en savoir plus
(+1)
Cette description de YHWH jeune guerrier dans le chant de Moïse est reprise dans la tradition ultérieure comme un mode d'imitation de Dieu par l'homme. La version araméenne liturgique d'(Ex 15,2) "YHWH est ma force et mon chant, à lui je dois ma délivrance, il est mon Dieu et je le glorifie, le Dieu de mon Père et je l'exalte, YHWH est un guerrier, son nom est YHWH". Commenté chez Abba Saul (2ème s.) : "Il est mon Dieu et je le glorifie" : "Moi et Lui : Sois comme Lui, comme il est miséricordieux et plein de grâce, tu dois être miséricordieux et plein de grâce". L'imitation de Dieu dans les combats va amener à ce qu'on interdise de tuer une femme enceinte. (Lv 22,28) "Vous n'immolerez pas le même jour l'animal et son petit" est commenté en ce sens dans le targum du Pseudo Jonathan : "Mon peuple, Fils d'Israël, comme votre Père est miséricordieux dans le ciel, vous serez miséricordieux sur la terre. Ce sera repris par (Lc 6,36) : "Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux". Le sacrifice du à la Gloire de Dieu s'efface alors devant sa miséricorde.
(+2)
Boyarin, "Le Christ Juif", p.54-56.
(+3)
Cette tradition de l'imitation de Dieu se maintiendra et se développera dans la relecture de Mt 25,31-46, mais s'oriente de manière purement halakhique dans la tradition rabbinique, comme en témoigne le texte suivant de (TB Sota 14,1 et Mekhilta Lauterbach II,25) :
"Béni soit le Nom du Seigneur du monde qui nous a enseigné ses voies. Il nous a enseigné d'habiller celui qui était nu, comme il a habillé Adam et Eve. Il nous a enseigné d'unir la fiancée au fiancé comme il a uni Eve à Adam. Il nous a enseigné de visiter le malade, comme il s'est montré lui-même à Abraham après sa circoncision. Il a enseigné de réconforter les endeuillés comme il s'est révélé lui-même à Jacob à son retour de Padan, lieu où sa mère est morte. Il a enseigné de nourrir le pauvre comme lui-même a fait descendre le pain du ciel pour les enfants d'Israël. Il nous a enseigné d'enterrer le mort par Moïse à qui il s'est révélé lui-même dans sa parole et en compagnie des anges de service."
fermer
Une tradition de Jésus vivant inaugurant le Royaume et le jugement par les "vendeurs chassés du Temple" se poursuit à travers le jugement du Calvaire jusqu'au Jugement final du monde.
du Dieu guerrier... au retour du Roi
(25,31) Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. Le retour du "Fils de l'homme" est attendu par le courant apocalyptique. (+1) Jésus inaugure son ministère en annonçant la réalisation de (Za 14,21) : "Il n'y aura plus de marchands dans le temple de YHWH en ce jour-là". (+2)
Avec Jésus, ce jour est arrivé : il en donne le signe en chassant les marchands du Temple.
Jésus a exercé ce jugement dans la mesure où il s'est adressé aux brebis (Israël) et non aux boucs (les païens comparés aux cochons, aux chiens). En cela, il a été le bon pasteur.
Mais son jugement s'est heurté au refus des prêtres et des Judéens (Jn 5,22.24.29s) et l'irruption de son apocalypse n'a pu être entièrement effective. Elle doit donc encore attendre le jugement de Celui qui reviendra sur les nuées du ciel (Dn 7), comme il le dit au Sanhédrin ((Mt 26,64) ; (Mc 14,62) ; (Lc 22,69)). Le Royaume est arrivé, mais tous ne l'ont pas encore rejoint ; de même, le jugement est à l’œuvre, mais il n'est pas encore prononcé sur tous. Celui qui a le plein jugement en sa main, remis par le Père (Jn 5,22.24), reviendra comme "Fils de l'homme", assis à la droite du Père, jugeant comme il sied à Celui que Dieu a intronisé à la droite (Ps 110).
Jésus a exercé ce jugement dans la mesure où il s'est adressé aux brebis (Israël) et non aux boucs (les païens comparés aux cochons, aux chiens). En cela, il a été le bon pasteur.
Mais son jugement s'est heurté au refus des prêtres et des Judéens (Jn 5,22.24.29s) et l'irruption de son apocalypse n'a pu être entièrement effective. Elle doit donc encore attendre le jugement de Celui qui reviendra sur les nuées du ciel (Dn 7), comme il le dit au Sanhédrin ((Mt 26,64) ; (Mc 14,62) ; (Lc 22,69)). Le Royaume est arrivé, mais tous ne l'ont pas encore rejoint ; de même, le jugement est à l’œuvre, mais il n'est pas encore prononcé sur tous. Celui qui a le plein jugement en sa main, remis par le Père (Jn 5,22.24), reviendra comme "Fils de l'homme", assis à la droite du Père, jugeant comme il sied à Celui que Dieu a intronisé à la droite (Ps 110).
(25,32) Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Le salut offert, dans un premier temps, aux juifs, dans l'attente que les nations montent à la colline de Sion (Is 56,6s), n'a pas été accueilli par tous les juifs : les Judéens ont fait défaut ! Sur la Croix, Jésus a imploré le pardon pour ceux qui "ne savent pas ce qu'ils font" (Lc 23,34) en tuant le Fils de l'homme. Ce pardon a ouvert la mission aux païens.
(25,33) Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.
(25,34) Alors le Roi dira à ceux de droite : Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Tout l'Ancien Testament et même, toute l'histoire du monde depuis le Big-bang, ont été préparés par "seuils" successifs pour le Royaume et jusqu'à ce retour du Fils de l'homme.
en savoir plus
(+1)
Cf. (Za 14,16) qui évoque la Sukkot finale. Le courant officiel attend la réconciliation de Dieu avec les hommes, ou le jugement final, à la fin des temps (eschatologie), alors que le courant apocalyptique attend une apocalypse dans le temps.
(+2)
Mt 25,31 rappelle (Za 14,5) : le "Dieu guerrier" (Za 14,3), qui vient par le mont des Oliviers, d'où la gloire était partie (Ez 11,22s). Alors "YHWH ton Dieu viendra et tous les Saints avec lui" (Za 14,5).
fermer
Cette réponse a pu être une réponse de Jésus, mais elle a été reprise par la catéchèse de Matthieu, en l'orientant vers le jugement lors du retour du "Fils de l'homme" ressuscité et intronisé à la droite de Dieu (Ps 110).
Le Jugement des bons et des mauvais
(25,35)Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli,
(25,36) nu et vous m'avez vêtu, malade et vous m'avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir.
(25,37) Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer,
(25,37) Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer,
(25,38) étranger et de t'accueillir, nu et de te vêtir,
(25,39) malade ou prisonnier et de venir te voir ? Cf. mémoires, spécialement en (+1).
Mais Jésus, et la catéchèse de Matthieu à sa suite, retiendra, non pas la nécessité pour l'homme d'imiter Dieu en suivant ce qu'il a fait pour les Pères (cf. Judaïsme), mais le fait qu'avec le Royaume, Jésus épousant l'humanité, Dieu et l'homme sont identifiés l'un à l'autre. Chez les rabbins, Dieu est un exemple à imiter dans la pratique ; chez Matthieu, la communion de Dieu à l'homme en Jésus va jusqu'à l'identification : "Ce que vous avez fait au plus petit, c'est à moi que vous l'avez fait."
(25,40) Et le Roi leur fera cette réponse : En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. Ce "moi" du "Fils de l'homme" est le "moi" de Jésus quand il était manifestation sur terre du "Fils de l'homme" céleste (Dn 7,13), mais il est aussi le "Fils de l'homme" remonté en gloire pour le jugement final, le Roi céleste qui siège, à la droite de Dieu, sur toutes les nations auxquelles est offert le pardon de la Croix et le retour à l'état originel de leur création. Elles peuvent l'accepter ou le refuser. Le lieu de ce refus ou de cette acceptation se joue dans la reconnaissance du prochain comme identifié à Jésus.
en savoir plus
(+1)
Voir plus haut au v.31 (Mémoire 1) en (+3).
fermer
On retrouve en négatif, cette fois, le même fond de tradition commune entre Jésus et les rabbins.
Evidemment cette catéchèse sera appliquée par Matthieu à l'endroit des païens qui méprisent le pauvre aussi bien qu'à l'endroit des Judéens qui ont condamné Jésus. Mais les deux enseignements peuvent s'enraciner dans la prédication de Jésus.
(25,41) Alors il dira encore à ceux de gauche : Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et ses anges.
(25,42) Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire,
(25,43) j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité.
(25,44) Alors ceux-ci lui demanderont à leur tour : Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir ?
(25,45) Alors il leur répondra : En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. Là encore le critère de jugement n'est plus la rectitude de la pratique dictée par l'exemple de l'attitude de Dieu vis-à-vis des Pères, mais le sérieux avec lequel est prise en compte l'identification de Jésus avec ceux qu'il est venu visiter, en particulier les pauvres, ceux qui émargent à la caisse royale car ils n'ont sans le roi aucune protection sociale. (+1)
(25,42) Car j'ai eu faim et vous ne m'avez pas donné à manger, j'ai eu soif et vous ne m'avez pas donné à boire,
(25,43) j'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité.
(25,44) Alors ceux-ci lui demanderont à leur tour : Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir affamé ou assoiffé, étranger ou nu, malade ou prisonnier, et de ne te point secourir ?
(25,45) Alors il leur répondra : En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. Là encore le critère de jugement n'est plus la rectitude de la pratique dictée par l'exemple de l'attitude de Dieu vis-à-vis des Pères, mais le sérieux avec lequel est prise en compte l'identification de Jésus avec ceux qu'il est venu visiter, en particulier les pauvres, ceux qui émargent à la caisse royale car ils n'ont sans le roi aucune protection sociale. (+1)
Refuser de secourir le pauvre revient de fait à nier l'identification de Jésus avec ceux qui dans le Royaume tirent leur bonheur de Lui et de Lui seul. C'est en même temps nier le Royaume et nier le lien de communion entre le pauvre et le Roi.
en savoir plus
(+1)
Jésus dans la proclamation des Béatitudes faisait déjà cette déclaration de bonheur vis-à-vis des pauvres, étant donné que le bon vouloir du Roi dont ils dépendaient était garanti par l'arrivée du Royaume qu'il prêchait.
fermer
Le type de résurrection sous-jacent au texte emprunte au livre de Daniel et plus précisément, à l'apocalyptique de (Dn 12,1s).
(Dn 12,1) "En ce temps se lèvera Michel, le grand Prince qui se tient auprès des enfants de ton peuple. Ce sera un temps d'angoisse tel qu'il n'y en aura pas eu jusqu'alors depuis que nation existe. En ce temps-là, ton peuple échappera : tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre."
(Dn 12,2) "Un grand nombre de ceux qui dorment au pays de la poussière s'éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour l'opprobre, pour l'horreur éternelle".
Retour au "Fils de l'homme" de Daniel
(25,46) Et ils s'en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à une vie éternelle. Selon (Dn 12), tous vont se réveiller (terme désignant avec celui de "remonter", la résurrection des morts). Alors qu'en (2 M 7), on sait, dès cette terre, qui aura part à la résurrection (2 M 7,14) et qui n'y aura pas part (2 M 7,24), dans l'apocalyptique de Daniel, tout est gardé secret par Celui qui tient en mains les livres célestes (Dn 7,13). (+1)
en savoir plus
(+1)
L'ignorance affichée de Jésus quant à ce type de secrets célestes n'a rien à voir avec la connaissance totale que, dans la métaphysique, doit avoir celui qui partage la nature divine. Dans cette mouvance apocalyptique, Jésus respecte le "secret messianique", considéré comme indispensable pour ne pas réveiller la jalousie du Satan (cf. les longs développements à ce sujet dans Sigmund Mowinckel, He That Cometh, Paperback 2005). En (Mc 10,40) : "Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m'appartient pas de l'accorder, c'est pour ceux à qui cela a été destiné." (Mc 13,32) : "Quant à la date de ce jour, ou à l'heure, personne ne les connaît, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, personne que le Père."
fermer
Cette parabole a un fond très ancien et juif.
Derrière, il y a l'apocalypse du livre de Daniel, avec sa vision de la résurrection et du jugement, sa vision du Fils de l'homme qui descend du ciel et qui juge avec Dieu lui-même.
Cette vision apocalyptique du monde a été reprise par Jésus, mais il lui a donné une note particulière.
Cette vision sera reprise dans une catéchèse pour les premières communautés de chrétiens en Syrie.
En bref, la parabole du jugement dernier
La grande différence avec les catéchèses juives de l'époque de Jésus, ou plus tardive, c'est que l'identification n'est pas tant orientée sur l'agir de Dieu (prendre soin du pauvre, parce que Dieu prend soin du pauvre), mais sur Jésus lui-même. Il y a une identification entre le Fils de l'homme et le pauvre, le prisonnier... Or, ce Fils de l'homme renvoie à (Dn 7), c'est-à-dire à une figure divine, céleste. Jésus est identifié à Dieu et le pauvre est identifié à Jésus. Il y a là une révolution théologique.