Référen-ciel, références bibliques dans leurs configurations historiques
Site de références dans la Bible, son histoire, sa tradition.
Relecture
La genèse du texte jusqu’à sa teneur définitivement fixée est porteuse de sens et résulte de l’histoire de la foi. La sagacité de l’exégète rivé sur le texte terminal fixé ne devrait jamais perdre de vue cette genèse, aussi loin que son investigation peut le porter, s’il veut respecter totalement la mémoire des textes et avec eux, celle de la foi.
L’exégèse de l’Ancien Testament tentera, à partir des rédactions précédant la venue de Jésus, de remonter en amont aussi loin que possible vers la source de la foi confessée par tous les niveaux de tradition du texte. En aval, la relecture de ce texte fixé (telle qu’elle apparaît par exemple chez Philon d’Alexandrie, Flavius Josèphe ou Qumran) appartient à l’exégèse dite intertestamentaire. L’interprétation qu’en fera Jésus et après lui les premières communautés qui écrivent les Évangiles concernera l’exégète du Nouveau Testament. Et enfin, la tradition de ce texte à travers le vécu de l’Eglise sera du ressort du patrologue pour ce qui est des premiers siècles et de l’historien des dogmes pour la suite.
Quelques exemples
Cet éclairage apporté au texte par la foi de la communauté nous aide à comprendre pourquoi le couple adamique a pu inspirer si différemment le judaïsme, dont la tradition ancestrale est polygame et le christianisme qui, lui, est monogame et voit dans l’unité de nos premiers parents en une seule chair, la préfiguration de l’union indivisible entre le Christ et son Eglise. Un même texte se trouve inspirer deux pratiques opposées qui n’en prétendent pas moins toutes deux se référer au texte de la Genèse vénéré comme fondamental. C’est assez dire que le texte biblique est interprété et vécu différemment en fonction de la tradition qui le porte.
Prenons une autre illustration de ce même phénomène. Les chrétiens lisent les trois premiers chapitres de la Genèse à la lumière du chapitre 5 de l’épître de Paul aux Romains et y trouvent le récit du péché originel de nos premiers parents, péché qui rejaillit sur toute la création après eux, entraînant le travail à la sueur du front et les souffrances de l’enfantement. Ce thème est ignoré de la plus grande partie des juifs qui, pourtant, lisent la même Bible.
Il apparaît donc que tous ces textes sont lus non seulement au gré des modes passagères mais sont interprétés différemment selon les théologies véhiculées dans les diverses communautés, qu’elles soient juives, protestantes, orthodoxes ou catholiques. Il en va d’ailleurs toujours ainsi pour les textes fondamentaux : chaque communauté veut y retrouver l’essentiel de ce qui fait sa foi.
La lecture de la Bible : un jeu de miroir ?
Il ne faudrait pas croire cependant que ces chapitres n’aient jamais joué qu’un rôle de miroir aux alouettes. Le piège selon lequel le lecteur ne ferait qu’introduire dans le texte ses propres phantasmes pour mieux s’émerveiller ensuite de les y trouver, n’est peut-être pas inéluctable. Sans doute le texte a-t-il un sens au-delà des modes et des récupérations dont il a fait l’objet. Mais de quel ordre est ce sens ?
S’il y a un sens à chercher, il va de soi que ce n’est pas à l’écoute des modes que nous pourrons l’élucider, mais bien en tentant de retracer les "seuils de foi" dont ce texte porte encore les traces aux différentes strates de sa composition. Ainsi pour prolonger notre dernier exemple, faire l’exégèse de ces trois premiers chapitres devrait d'abord consister à repérer les grands clivages de la foi qui ont amené les relectures successives.
Une analyse un peu serrée permet de repérer à l'origine des remaniements des trois chapitres des conceptions fondamentalement différentes (ou seuils) dans la découverte de la foi. C’est dans le cadre de ces clivages que chaque communauté croyante a pu ensuite relire sa propre foi dans le texte biblique.
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