Référen-ciel, références bibliques dans leurs configurations historiques
Site de références dans la Bible, son histoire, sa tradition.
Verset(s) de la Bible Mc 1,9-11
Le récit du baptême de Jésus se trouve chez Matthieu, Marc et Luc ; chacun a ses caractéristiques. L'évangile de Jean y fait aussi allusion et d'une toute autre manière.
Le commentaire suivant permet de voir les caractéristiques du récit de Marc.
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Après le tableau voir les commentaires.
(1,9) Et il advint qu'en ces jours-là Jésus vint de Nazareth de Galilée, et il fut baptisé dans le Jourdain par Jean.
(1,10) Et aussitôt, remontant de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit comme une colombe descendre vers lui,
(1,11) et une voix vint des cieux : "Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur."
(1,10) Et aussitôt, remontant de l'eau, il vit les cieux se déchirer et l'Esprit comme une colombe descendre vers lui,
(1,11) et une voix vint des cieux : "Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur."
Bible de Jérusalem (Ed. 1975)
Ce tableau permet de situer la genèse d'un texte biblique (Mémoire, Écriture, Relecture
) dans un contexte
de religions environnantes, seuil par seuil, dans des expressions de foi situées.
) dans un contexte de religions environnantes, seuil
par seuil, dans des expressions de foi situées.
| Religions environnantes | Seuil | Expressions de la Foi | Genèse du texte | ||||
|---|---|---|---|---|---|---|---|
| La religion mésopotamienne | 1 | Les dieux du ciel - Aux origines | |||||
| La religion égyptienne | Patriarches - Le semi-nomadisme |
||||||
| La religion d'Ugarit | Assimilation/rejet - Immigration |
||||||
| Début de l'écriture biblique | |||||||
| - VIIIe siècle | Le Baal syro-phénicien | 2 | Luttes contre Baal - Royaumes unifiés |
||||
| - VIIe siècle | Le Marduk assyrien | Trahison du frère - Chute de Samarie |
|||||
| L'Alliance - Le Temple de Josias |
|||||||
| - VIe siècle | Le Marduk babylonien | Hénothéisme - L'Exil | |||||
| - Ve siècle - IVe siècle |
Mazdéïsme perse |
Monothéismes d'Alliance |
|||||
| Prêtres et Légistes - Second Temple |
|||||||
| Courant apocalyptique |
 MEMOIRE 1 |
||||||
| - IIIe siècle | L'Hellénisme égyptien | Hellénisation - Alexandre | |||||
| - IIe siècle | L'Hellénisme syrien | Persécutions - Antiochus IV | |||||
| L'Hellénisme syrien | Séparation des Asmonéens - Esséniens | ||||||
| - Ier siècle | Rome | La foi dans un Judaïsme éclaté | |||||
| de 0 à 33 | Judaïsme officiel et apocalyptique sous domination romaine |
3 | Jésus, irruption d'un nouveau monde | ||||
| Jésus et le Temple | |||||||
| Jésus et la Torah | |||||||
| Jésus et la Pâque | |||||||
| Premiers écrits du Nouveau Testament | |||||||
| de 33 à 70 | Judaïsme officiel | 4 | A Jérusalem | ECRITURE 1 |
|||
| Missions Judéo-chrétiennes | |||||||
| En Samarie | |||||||
| En Syrie | |||||||
| A Rome | RELECTURE 1 |
||||||
| A Ephèse | |||||||
| La tradition patristique | |||||||
| + 135 | Judéo-christianisme | Les Pères apostoliques | |||||
| Les Pères d'Orient | RELECTURE 2 |
||||||
| Les Pères d'Occident | |||||||
| Les Pères du désert | |||||||
| Des Victorins aux Scholastiques | |||||||
Baptême de Jésus
En milieu baptiste, le baptême de Jésus utilise des références remontant à l'émergence de l'apocalyptique après l'Exil à Babylone et en particulier les chapitres 60 à 64 d'Isaïe.
Il utilisera de même souvent (Is 61) comme à la synagogue de Nazareth (Lc 4,16-30).
Il utilise aussi (Is 42,1) annonçant durant l'Exil les espérances de reconstitution d'un Royaume (surtout dans la version de la LXX).
après l'Exil à Babylone et en particulier les chapitres 60 à 64 d'Isaïe. Il utilisera de même souvent (Is 61) comme à la synagogue de Nazareth (Lc 4,16-30).
Il utilise aussi (Is 42,1) annonçant durant l'Exil les espérances de reconstitution d'un Royaume (surtout dans la version de la LXX).
A la différence de Matthieu et de Luc qui donnent un rôle soit au Baptiste soit à la foule, le récit de Marc a pour seuls acteurs Dieu et Jésus entre lesquels tout se passe, apparemment sans témoins. Le récit se déroule en trois parties : une vision, un signe et une mission. Cette forme littéraire est typique des récits de vocation (Is 6
). Il est déjà clair qu'avec Jésus l'ère du prophétisme que le judaïsme officiel disait clos avec Aggée, Zacharie et Malachie, reprend vie. Jésus y apparaît donc comme celui qui renouvelle la prophétie dans le style d'un dévoilement apocalyptique.
(1,10) Et aussitôt, remontant de l'eau, il vit les cieux se déchirant et l'Esprit comme une colombe descendre vers lui. Ce verset rappelle le poème apocalyptique d'(Is 63,19) annonçant une Jérusalem nouvelle : Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais, devant ta face fondraient les monts, (Is 64,1) comme le feu enflamme les brindilles". Cette espérance apocalyptique d'Isaïe s'accomplit ici au baptême de Jésus. La colombe rappelle le même poème apocalyptique en (Is 60,8) : Qui sont-ils ceux-là qui volent comme un nuage, comme des colombes vers leur gîte (Is 60,9) : oui les navires s'assemblent pour moi... pour ramener de loin tes fils. La colombe est au baptême le signe du retour des exilés vers leur patrie.
On a le même sens de la colombe en (Os 11,11) pour le retour des exilés d'Assyrie après la chute de Samarie : Comme un oiseau, ils accourront de l'Egypte, comme une colombe du pays d'Assur.
On pense généralement à la colombe ou au corbeau dans le récit de l'arche de Noé (Gn 8,6-12) envoyés pour tester la fin du déluge. Ce sont des emprunts au récit babylonien. La Bible privilégiera la colombe comme symbole de la fin de l'Exil à Babylone, même si la colombe finalement ne revient plus dans l'arche.
). Il est déjà clair qu'avec Jésus l'ère du prophétisme que le judaïsme officiel disait clos avec Aggée, Zacharie et Malachie, reprend vie. Jésus y apparaît donc comme celui qui renouvelle la prophétie dans le style d'un dévoilement apocalyptique. (1,10) Et aussitôt, remontant de l'eau, il vit les cieux se déchirant et l'Esprit comme une colombe descendre vers lui. Ce verset rappelle le poème apocalyptique
d'(Is 63,19) annonçant une Jérusalem nouvelle : Ah si tu déchirais les cieux et si tu descendais, devant ta face fondraient les monts, (Is 64,1) comme le feu enflamme les brindilles". Cette espérance apocalyptique d'Isaïe s'accomplit ici au baptême de Jésus. La colombe rappelle le même poème apocalyptique en (Is 60,8) : Qui sont-ils ceux-là qui volent comme un nuage, comme des colombes vers leur gîte (Is 60,9) : oui les navires s'assemblent pour moi... pour ramener de loin tes fils. La colombe est au baptême le signe du retour des exilés vers leur patrie. On a le même sens de la colombe en (Os 11,11) pour le retour des exilés d'Assyrie après la chute de Samarie
: Comme un oiseau, ils accourront de l'Egypte, comme une colombe du pays d'Assur. On pense généralement à la colombe ou au corbeau dans le récit de l'arche de Noé (Gn 8,6-12
) envoyés pour tester la fin du déluge. Ce sont des emprunts au récit babylonien. La Bible privilégiera la colombe comme symbole de la fin de l'Exil à Babylone, même si la colombe finalement ne revient plus dans l'arche. De même qu'avec Jésus la prophétie retrouve sa place, de même la voix céleste manifeste que Dieu se remet à parler, ce qui est typique de l'apocalyptique. Dans le judaïsme officiel depuis Hillel, contemporain de Jésus, les voix célestes n'ont plus cours dans la détermination de la pratique. Or ici la voix céleste recommande que l'on écoute Jésus comme on écoutait autrefois la Torah.
Ce que dit la voix céleste est une allusion non plus à l'apocalyptique mais à (Is 42,1) dont on peut penser, surtout dans la traduction de la LXX qu'elle annonçait la renaissance de la royauté après l'Exil.
Mais Jésus a toujours refusé la fonction d'un roi de ce monde. C'est pourquoi on dit souvent que ce texte est un ajout postpascal. Mais il pourrait tout à fait être prépascal avec le sens qu'il avait dans l'apocalyptique d'un roi venu du ciel et donc n'exerçant pas la fonction militaire qu'on attendait de lui pour chasser les Romains.
. Dans le judaïsme officiel depuis Hillel, contemporain de Jésus, les voix célestes n'ont plus cours dans la détermination de la pratique. Or ici la voix céleste recommande que l'on écoute Jésus comme on écoutait autrefois la Torah. Ce que dit la voix céleste est une allusion non plus à l'apocalyptique
mais à (Is 42,1) dont on peut penser, surtout dans la traduction de la LXX qu'elle annonçait la renaissance de la royauté après l'Exil. Mais Jésus a toujours refusé la fonction d'un roi de ce monde. C'est pourquoi on dit souvent que ce texte est un ajout postpascal. Mais il pourrait tout à fait être prépascal avec le sens qu'il avait dans l'apocalyptique
d'un roi venu du ciel et donc n'exerçant pas la fonction militaire qu'on attendait de lui pour chasser les Romains. (RELECTURE 2)
Grégoire de Naziance en Cappadoce IV° siècle (Turquie).
Voir aussi commentaire de (Lc 3,21-22).
Grégoire de Naziance en Cappadoce IV° siècle (Turquie).
Voir aussi commentaire de (Lc 3,21-22
).Homélie de saint Grégoire de Naziance sur le Baptême du Christ
"Alors, le Ciel s'ouvrit"
Le Christ est illuminé par le baptême, resplendissons avec lui ; il est plongé dans l'eau, descendons avec lui pour remonter avec lui !
Jean est en train de baptiser et Jésus s'approche. (...)
Il voit les cieux se déchirer et s'ouvrir, alors qu'Adam avait les avait fermés pour lui et sa descendance, quand il a été expulsé du paradis que défendait l'épée de feu.
Alors, l'Esprit atteste sa divinité, car il accourt vers celui qui est de même nature.
Une voix descend du ciel, pour rendre témoignage à celui qui en venait ; et, sous l'apparence d'une colombe. (...) C'est ainsi que, bien des siècles auparavant, une colombe est venue annoncer la bonne nouvelle de la fin du déluge (Gn 8,11).
Le Christ est illuminé par le baptême, resplendissons avec lui ; il est plongé dans l'eau, descendons avec lui pour remonter avec lui !
Jean est en train de baptiser et Jésus s'approche. (...)
Il voit les cieux se déchirer et s'ouvrir, alors qu'Adam avait les avait fermés pour lui et sa descendance, quand il a été expulsé du paradis que défendait l'épée de feu.
Alors, l'Esprit atteste sa divinité, car il accourt vers celui qui est de même nature.
Une voix descend du ciel, pour rendre témoignage à celui qui en venait ; et, sous l'apparence d'une colombe. (...) C'est ainsi que, bien des siècles auparavant, une colombe est venue annoncer la bonne nouvelle de la fin du déluge (Gn 8,11).
Marc s'adresse à des chrétiens de Rome, mais il garde le fond ancien du récit de l'événement du baptême de Jésus.
En bref, le baptême de Jésus chez Marc
Marc met l'accent sur "l'apocalypse", le dévoilement que représente ce baptême de Jésus :
- les cieux se déchirent : réalisation de (Is 63).
- la voix du Père retentit des cieux : Dieu se met à parler de nouveau, indépendamment de la Torah et de ses interprètes.
- Elle désigne Jésus qui est celui par qui le salut de Dieu va s'offrir : le temps de la prophétie est ré-ouvert.
La présence de Jean Baptiste, par contre, est occultée, de même que celle du peuple. Tout est centré sur Jésus et le Ciel.
Les publications de référence :
Les Seuils de la Foi
Editions Parole et Silence et Université Catholique de Lille
En savoir plus
Le blasphème de Jésus
Les fondements bibliques
Entrer dans la foi avec la Bible
Autre publication du père Jacques Bernard
Ressources théologiques et philosophiques
