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Verset(s) de la Bible Lc 3,21-22
Le récit du baptême de Jésus se trouve chez Matthieu, Marc et Luc ; chacun a ses caractéristiques. L'évangile de Jean y fait aussi allusion et d'une toute autre manière.
Le commentaire suivant permet de voir les caractéristiques du récit de Luc.
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Le baptême de Jésus selon saint Luc
(3,21) Or il advint, une fois que tout le peuple eut été baptisé et au moment où Jésus, baptisé lui aussi, se trouvait en prière, que le ciel s'ouvrit,
(3,22) et l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix partit du ciel : "Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré."
(3,22) et l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix partit du ciel : "Tu es mon fils ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré."
Bible de Jérusalem (Ed. 1975)
Voir aussi (Les fondements bibliques, pages 307 et 316)
Ce tableau permet de situer la genèse d'un texte biblique (Mémoire, Écriture, Relecture
) dans un contexte
de religions environnantes, seuil
par seuil
, dans des expressions de foi situées.

de religions environnantes, seuil


Religions environnantes | Seuil![]() | Expressions de la Foi | Genèse du texte | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
La religion mésopotamienne | 1 | Les dieux du ciel - Aux origines | |||||
La religion égyptienne | Patriarches![]() |
||||||
La religion d'Ugarit | Assimilation/rejet![]() |
||||||
Début de l'écriture biblique | |||||||
- VIIIe siècle | Le Baal syro-phénicien | 2 | Luttes contre Baal![]() |
||||
- VIIe siècle | Le Marduk assyrien | Trahison du frère![]() ![]() |
|||||
L'Alliance - Le Temple de Josias![]() |
|||||||
- VIe siècle | Le Marduk babylonien | Hénothéisme - L'Exil | |||||
- Ve siècle - IVe siècle |
Mazdéïsme perse![]() |
Monothéismes![]() |
|||||
Prêtres et Légistes![]() |
|||||||
Courant apocalyptique![]() |
![]() ![]() |
||||||
- IIIe siècle | L'Hellénisme égyptien | Hellénisation - Alexandre | |||||
- IIe siècle | L'Hellénisme syrien | Persécutions - Antiochus IV | |||||
L'Hellénisme syrien | Séparation des Asmonéens - Esséniens | ||||||
- Ier siècle | Rome | La foi dans un Judaïsme éclaté | |||||
de 0 à 33 | Judaïsme officiel et apocalyptique![]() |
3 | Jésus, irruption d'un nouveau monde | ||||
Jésus et le Temple | |||||||
Jésus et la Torah | |||||||
Jésus et la Pâque | |||||||
Premiers écrits du Nouveau Testament | |||||||
de 33 à 70 | Judaïsme officiel | 4 | A Jérusalem | ![]() ![]() |
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Missions Judéo-chrétiennes | |||||||
En Samarie | |||||||
En Syrie | |||||||
A Rome | |||||||
A Ephèse | ![]() ![]() |
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+ 135 | Judéo-christianisme | Les Pères apostoliques | |||||
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Les Pères du désert | |||||||
Des Victorins aux Scholastiques |
Le Baptême de Jésus
Comme pour Marc et Matthieu, le texte de Luc fait référence à Is 60 à 64, un des premiers écrits de l'apocalyptique
après l'Exil. On consultera ce qui est dit de (Mc 1,9-11
) et (Mt 3,13-17
) à ce sujet. Il est fait référence aussi à (Is 42,1) dans de nombreuses versions mais dans d'autres la référence est au (Ps 2,7
) psaume de couronnement : Moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. (L'engendrement du roi était sa montée sur le trône.)




(ECRITURE 1)
Luc a en commun le texte de (Mc 1,9-11
) et (Mt 3,13-17
) avec des petites particularités.

Luc a en commun le texte de (Mc 1,9-11


Pour l'exégèse de ce que les trois ont en commun, on ira voir ce qui est dit dans (Mc 1,9-11
). Matthieu commençait par deux versets tendant à montrer qu'on ne pouvait prendre prétexte du fait que Jean Baptiste avait baptisé Jésus pour y voir un signe de supériorité (Mt 3,13-17
). Luc résout le problème d'une autre manière que Matthieu. Il met Jean Baptiste en prison avant le baptême (Lc 3,19-20
).



Chez Luc, l'Eglise (le laos) assiste au baptême. Luc fait donc de ce baptême un portique comparable à celui qu'il posera en tête de son récit des Actes des Apôtres dans le récit de la Pentecôte (Ac 2
). Ici et là, le peuple est présent ; ici et là, l'Esprit Saint se manifeste, d'un côté dans le symbole de la colombe qui annonce le retour d'Exil (voir exégèse de Marc) et de l'autre dans le symbole des langues qui annoncent la mission de l'Eglise en toutes langues. Le fait que le peuple est présent, exige que la colombe prenne une forme corporelle (qu'elle n'avait pas chez Marc et Matthieu) et finalement si de nombreux manuscrits
ont encore la voix qui annonce : Tu es mon Fils, mon bien-aimé, en qui je me complais, d'autres manuscrits
ont la référence au (Ps 2,7
) Aujourd'hui je t'ai engendré, qui est un psaume de couronnement semblable à celui qui inaugurait le couronnement de Jésus à la droite de Dieu dans son ascension (Ac 2,33s
). Ainsi on le voit, Luc a relu le récit du baptême en mettant en parallèle le portique de la vie de Jésus avec le portique de la vie de l'Eglise.





(RELECTURE 2)
Grégoire de Naziance en Cappadoce au IV° siècle relit à sa manière le baptême de Jésus.

Grégoire de Naziance en Cappadoce au IV° siècle relit à sa manière le baptême de Jésus.
Homélie de Grégoire de Naziance sur la baptême du Christ
"Le Christ est illuminé par le baptême, resplendissons avec lui ; il est plongé dans l'eau, descendons avec lui pour remonter avec lui.
Jean est en train de baptiser et Jésus s'approche : peut-être pour sanctifier celui qui va le baptiser ? Certainement pour ensevelir tout entier le vieil Adam au fond de l'eau ! Mais avant cela et en vue de cela, il sanctifie le Jourdain. Et comme il est esprit et chair, il veut pouvoir initier par l'eau et par l'Esprit…
Voici Jésus qui remonte hors de l'eau : il porte le monde. Avec lui, il le fait.
Alors l'Esprit atteste sa divinité, car il accourt vers celui qui est de même nature. Une voix descend du ciel, pour rendre témoignage à celui qui en venait ; et, sous l'apparence d'une colombe, elle honore le corps, puisque Dieu, en se montrant sous une apparence corporelle, divinise aussi le corps. C'est ainsi que, bien des siècles auparavant, une colombe est venue annoncer la bonne nouvelle de la fin du déluge (Gn 8,11)".
(Homélie 39 pour la fête des Lumières).
Jean est en train de baptiser et Jésus s'approche : peut-être pour sanctifier celui qui va le baptiser ? Certainement pour ensevelir tout entier le vieil Adam au fond de l'eau ! Mais avant cela et en vue de cela, il sanctifie le Jourdain. Et comme il est esprit et chair, il veut pouvoir initier par l'eau et par l'Esprit…
Voici Jésus qui remonte hors de l'eau : il porte le monde. Avec lui, il le fait.
Alors l'Esprit atteste sa divinité, car il accourt vers celui qui est de même nature. Une voix descend du ciel, pour rendre témoignage à celui qui en venait ; et, sous l'apparence d'une colombe, elle honore le corps, puisque Dieu, en se montrant sous une apparence corporelle, divinise aussi le corps. C'est ainsi que, bien des siècles auparavant, une colombe est venue annoncer la bonne nouvelle de la fin du déluge (Gn 8,11)".
(Homélie 39 pour la fête des Lumières).
Luc, auteur du 3° Evangile et des Actes des Apôtres, ouvre ces deux livres par un portique dans lequel on retrouve :
- le peuple,
- la manifestation de l'Esprit saint,
- une forme corporelle : colombe au baptême, langues de feu à la Pentecôte.
Dans les deux récits, Jésus est déjà regardé comme celui qui est roi.
En bref, le baptême de Jésus chez Luc
Le récit de l'emprisonnement de Jean Baptiste précède celui du baptême de Jésus, qui peut alors être tout entier centré sur Jésus et sur les signes qui l'accompagnent.
La présence du peuple est soulignée.
Ainsi, ce récit, s'il porte le fond ancien de l'événement, a déjà une signification ecclésiale : Jésus, a son baptême, est roi et le peuple présent, c'est déjà l'Eglise.
Plus tard, l'expression : "tu es mon fils, aujourd'hui, je t'ai engendré" sera entendu comme l'attestation de la divinité de Jésus; le credo de Nicée et ceux qui suivront pourront s'y référer pour dire que Jésus est le Fils unique du Père, engendré, non pas créé. Mais à l'époque où le texte a été écrit, ce n'était pas une confession de foi en la deuxième personne de la Trinité. Pourtant, la divinité de Jésus a pu être reconnue par certains de ses contemporains, mais à partir d'autres événements, en particulier du positionnement de Jésus vis à vis de la Torah et du Temple.
Plus tard, l'expression : "tu es mon fils, aujourd'hui, je t'ai engendré" sera entendu comme l'attestation de la divinité de Jésus; le credo de Nicée et ceux qui suivront pourront s'y référer pour dire que Jésus est le Fils unique du Père, engendré, non pas créé. Mais à l'époque où le texte a été écrit, ce n'était pas une confession de foi en la deuxième personne de la Trinité. Pourtant, la divinité de Jésus a pu être reconnue par certains de ses contemporains, mais à partir d'autres événements, en particulier du positionnement de Jésus vis à vis de la Torah et du Temple.