Référen-ciel, références bibliques dans leurs configurations historiques
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Verset(s) de la Bible Gn 1,2
Terre, ténèbres, vent... abîme, eaux... tous les éléments indiquent que l'on est dans un récit de création. Mais toute civilisation ancienne a le sien propre.
Alors, que dit ce verset de particulier, d'original ? Dans le contexte a-t-il vu le jour ?
Comme le commentaire le montre, ce verset dit beaucoup de choses et il est marqué par des contextes différents. Il porte une épaisseur impressionnante de foi !
Voir les commentaires dans le tableau ci-dessous.
Alors, que dit ce verset de particulier, d'original ? Dans le contexte a-t-il vu le jour ?
Comme le commentaire le montre, ce verset dit beaucoup de choses et il est marqué par des contextes différents. Il porte une épaisseur impressionnante de foi !
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Gn 1,2 : terre, ténèbres... vent de Dieu...
(1,2) Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux.
Bible de Jérusalem (Ed. 1975)
Voir aussi (Les fondements bibliques, pages 52 et 282)
Ce tableau permet de situer la genèse d'un texte biblique (Mémoire, Écriture, Relecture) dans un contexte
de religions environnantes, seuil par seuil, dans des expressions de foi situées.
de religions environnantes, seuil par seuil, dans des expressions de foi situées.
Religions environnantes | Seuil | Expressions de la Foi | Genèse du texte | ||||
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La religion mésopotamienne | 1 | Les dieux du ciel - Aux origines | MEMOIRE 1 | ||||
La religion égyptienne | Patriarches - Le semi-nomadisme | ||||||
La religion d'Ugarit | Assimilation/rejet - Immigration | ||||||
Début de l'écriture biblique | |||||||
- VIIIe siècle | Le Baal syro-phénicien | 2 | Luttes contre Baal - Royaumes unifiés | ||||
- VIIe siècle | Le Marduk assyrien | Trahison du frère - Chute de Samarie | |||||
L'Alliance - Le Temple de Josias | MEMOIRE 2 | ||||||
- VIe siècle | Le Marduk babylonien | Hénothéisme - L'Exil | |||||
- Ve siècle - IVe siècle |
Mazdéïsme perse | Monothéismes d'Alliance | ECRITURE 1 | ||||
Prêtres et Légistes - Second Temple | |||||||
Courant apocalyptique | |||||||
- IIIe siècle | L'Hellénisme égyptien | Hellénisation - Alexandre | RELECTURE 1 | ||||
- IIe siècle | L'Hellénisme syrien | Persécutions - Antiochus IV | |||||
L'Hellénisme syrien | Séparation des Asmonéens - Esséniens | ||||||
- Ier siècle | Rome | La foi dans un Judaïsme éclaté | |||||
de 0 à 33 | Judaïsme officiel et apocalyptique sous domination romaine | 3 | Jésus, irruption d'un nouveau monde | ||||
Jésus et le Temple | |||||||
Jésus et la Torah | |||||||
Jésus et la Pâque | |||||||
Premiers écrits du Nouveau Testament | |||||||
de 33 à 70 | Judaïsme officiel | 4 | A Jérusalem | ||||
Missions Judéo-chrétiennes | |||||||
En Samarie | |||||||
En Syrie | |||||||
A Rome | |||||||
A Ephèse | RELECTURE 2 | ||||||
La tradition patristique | |||||||
+ 135 | Judéo-christianisme | Les Pères apostoliques | |||||
Les Pères d'Orient | RELECTURE 4 | ||||||
Les Pères d'Occident | RELECTURE 3 | ||||||
Les Pères du désert | |||||||
Des Victorins aux Scholastiques |
(MEMOIRE 1)
Ce verset est à situer dans l'ensemble de (Gn 1-3), voir Structure Littéraire Gn 1-3 et surtout dans l'ensemble du texte (Gn 1), qui est sacerdotal dans sa rédaction. ( Structure littéraire Gn 1) indique que le récit est construit autour du chiffre 7 et du shabbat, comme la semaine inaugurale du monde ; il se termine avec la création de l'homme comme étendard de Dieu dans la procession initiale ; et le septième jour, Dieu se repose.
Ce verset est à situer dans l'ensemble de (Gn 1-3), voir Structure Littéraire Gn 1-3 et surtout dans l'ensemble du texte (Gn 1), qui est sacerdotal dans sa rédaction. ( Structure littéraire Gn 1) indique que le récit est construit autour du chiffre 7 et du shabbat, comme la semaine inaugurale du monde ; il se termine avec la création de l'homme comme étendard de Dieu dans la procession initiale ; et le septième jour, Dieu se repose.
Chaos
(1,2) Et la terre était (auparavant) "tohu et bohu" et une "ténèbre" sur la face de l'abîme et le vent d'Elohim voltait sur la face des eaux.
Le début du monde considéré comme un chaos, un ("tohu et bohu"); c' est un thème classique que l'on trouve dans de nombreuses cosmogonies, bien avant l'Exil, par exemple, l'épopée de Gilgamesh.
Une "ténèbre" sur la face de l'abîme peut faire partie de cet univers chaotique des grands mythes d'origine, dans lesquels le soleil est le dieu pourvoyeur de la lumière.
L'air aidant à la séparation entre les eaux d'en-haut et les eaux d'en-bas se retrouve dans un mythe égyptien avec Shou et Tefnut.
Vent d'est sur le marais
(1,2) Une ténèbre sur la face de l'abîme et le vent d'Elohim voltait sur la face des eaux.
Le vent d'Elohim peut, dans les mémoires, rappeler le vent d'est asséchant... dont le récit du passage de la mer des roseaux asséchée porte la trace (Ex 14,21).
De même, la ténèbre peut évoquer la nuée qui guida le peuple à travers le désert.
Cela voudrait alors dire que le texte sacerdotal de création a voulu s'appuyer sur le credo de Josias (premiers récits de sortie d'Egypte).
De même, la ténèbre peut évoquer la nuée qui guida le peuple à travers le désert.
Cela voudrait alors dire que le texte sacerdotal de création a voulu s'appuyer sur le credo de Josias (premiers récits de sortie d'Egypte).
Esprit d'Amour
(1,2) Et la terre était tohu et bohu et une ténèbre sur la face de l'abîme et le souffle (d'Amour) d'Elohim voltait sur la face des eaux.
C'est par sa parole que Dieu a fait la création et non par la lumière (Mazda) des Perses. Avant cette Parole créatrice, il n'y a que la ténèbre, et non pas Mazda, la lumière.
Le "vent d'Elohim" rappelant la sortie d'Egypte, devient dans le judaïsme de la période grecque, le souffle d'Amour de Dieu, diffusé dans le don de la Torah, avant la création du monde (Si 24,23). Dans cette perspective de monothéisme d'Amour, "Le vent d'Elohim" pourrait commencer à désigner l'Esprit Saint créateur, parlant aux prophètes (cf. Is 61,1) ou (Is 63,10s).
C'est par sa parole que Dieu a fait la création et non par la lumière (Mazda) des Perses. Avant cette Parole créatrice, il n'y a que la ténèbre, et non pas Mazda, la lumière.
Le "vent d'Elohim" rappelant la sortie d'Egypte, devient dans le judaïsme de la période grecque, le souffle d'Amour de Dieu, diffusé dans le don de la Torah, avant la création du monde (Si 24,23). Dans cette perspective de monothéisme d'Amour, "Le vent d'Elohim" pourrait commencer à désigner l'Esprit Saint créateur, parlant aux prophètes (cf. Is 61,1) ou (Is 63,10s).
En contexte de judaïsme de la période grecque, vers 200 av. JC.
La Torah, Parole de Dieu est reconnue comme préexistante à la création, et comme créatrice cf. (Si 24).
La Torah, Parole de Dieu est reconnue comme préexistante à la création, et comme créatrice cf. (Si 24).
Sagesse préexistante
La nuée sur la face de l'abîme, devient la Torah.(Si 24,3) Je suis issue de la bouche du Très-Haut et comme une vapeur j'ai couvert la terre.(Si 24,19) Venez à moi, vous qui me désirez. (Si 24,23) Tout cela n'est autre que le livre de l'Alliance du Dieu Très-haut, la Torah promulguée par Moïse.
Relecture avec la venue de Jésus.
Jésus a pu être reconnu, dès son vivant, comme la Torah, la Parole de Dieu (préexistante et éternelle).
Dans leur foi, les chrétiens reconnaissent Jésus, comme la Parole de Dieu, préexistante, éternelle et créatrice, mais également incréée.
Jésus a pu être reconnu, dès son vivant, comme la Torah, la Parole de Dieu (préexistante et éternelle).
Dans leur foi, les chrétiens reconnaissent Jésus, comme la Parole de Dieu, préexistante, éternelle et créatrice, mais également incréée.
la Parole d'Amour préexistante et incréée
(1,2) Et la terre était tohu et bohu et une ténèbre sur la face de l'abîme et l'Esprit Saint d'Elohim voltait sur la face des eaux. Avec le venue de Jésus, non seulement il n'y a pas de "tohu bohu" ou démiurge, puisqu'en lui tout fut créé, mais la création est tout entière attribuée au Verbe de Dieu dans le Christ comme un souffle de vie : "en lui était la vie" (Jn 1,4) ; Il est aussi la lumière "Et la vie était la lumière des hommes".
À ce niveau de relecture, le souffle qui était au-dessus des eaux primordiales n'est plus seulement le vent d'est de la délivrance d'Egypte, ni seulement le souffle d'Amour créateur de la lumière. Il est un souffle d'Amour initiateur de la lumière, et tout à la fois le souffle de vie du Verbe, en même temps que la lumière issue de lui.
Comme esprit prophétique, c'est déjà l'Esprit Saint cf. (Is 61,1) et (Is 63,10s), mais c'est l'Esprit Saint créateur en qui tout est créé.
Dans la reconnaissance du Verbe s'est incarné (Jn 1,14) ce souffle de Vie et cet Esprit Saint prophétique est l'Esprit Saint du Verbe incarné, Jésus.
Ainsi, les chrétiens voient dans (Gn 1,3) l'Esprit Saint du Verbe et traduisent : "l'Esprit Saint d'Elohim (en Jésus) planait au-dessus des eaux".
À ce niveau de relecture, le souffle qui était au-dessus des eaux primordiales n'est plus seulement le vent d'est de la délivrance d'Egypte, ni seulement le souffle d'Amour créateur de la lumière. Il est un souffle d'Amour initiateur de la lumière, et tout à la fois le souffle de vie du Verbe, en même temps que la lumière issue de lui.
Comme esprit prophétique, c'est déjà l'Esprit Saint cf. (Is 61,1) et (Is 63,10s), mais c'est l'Esprit Saint créateur en qui tout est créé.
Dans la reconnaissance du Verbe s'est incarné (Jn 1,14) ce souffle de Vie et cet Esprit Saint prophétique est l'Esprit Saint du Verbe incarné, Jésus.
Ainsi, les chrétiens voient dans (Gn 1,3) l'Esprit Saint du Verbe et traduisent : "l'Esprit Saint d'Elohim (en Jésus) planait au-dessus des eaux".
Ce simple verset porte en lui une richesse de signification impressionnante, parce qu'il porte l'épaisseur des Seuils de la foi : de la foi des Sumériens et Egyptiens jusqu'à celle des chrétiens.
En bref, Gn 1,2 au fil des Seuils de la foi
Ce verset prend racine dans les grands mythes des civilisations du Moyen-Orient ancien.Il prend un sens autre - ou supplémentaire - à la lumière des souvenirs de sortie d'Egypte au temps de Josias où on se souvient de ce vent d'est qui assèche la mer.
Il prend un sens nouveau lorsque le peuple juif reconnaît que YHWH est l'unique Dieu, qu'il est amour et créateur de tout et que sa parole, sa Torah est créatrice et préexistante au monde.
Il prend encore un tout autre sens avec l'incarnation du Verbe en Jésus : le souffle qui planait sur les eaux avant la création, n'est-il pas l'Esprit Saint, Créateur dès les origines et Recréateur en Jésus ?