Ebal Garizim

Un sanctuaire qui porte des mémoires et des traditions

Ces mémoires rassemblées autour du sanctuaire nordique de Sichem, forment, actuellement, disséminé à travers l’œuvre deutéronomique, un « chemin de mémoires » (Abadie "L'histoire d'Israël entre mémoire et relecture", p.59). 

Josias va rassembler dans un cadre de type code d’Alliance entre suzerain et vassal les traditions anciennes des tribus du Nord dont les sanctuaires ont été désaffectés par Ezéchias au lendemain de (-701), la grande victoire sur l’Egypte opérée par Sennachérib qui a été amené par Dieu à abandonner le siège de Jérusalem alors que la victoire était assurée. 

Josias, en faisant ce regroupement des traditions du Nord dans un traité néo-assyrien non plus entre vassal et suzerain (comme il en avait le modèle à la cour de Manassé : Römer " Introduction à l'Ancien Testament") mais entre Dieu et son peuple, attribue à YHWH la victoire constatée par Ezéchias. De sorte que la structure littéraire de traité d’Alliance sert maintenant à dire la foi d’Israël envers son Dieu, au-delà des avatars de l’histoire. 

Le rassemblement des traditions de sanctuaires, opéré par Ezéchias qui accueille les réfugiés de Samarie et démantèle les sanctuaires tribaux (2 R 18,4) est prolongé par Josias. Ce dernier, héros de l’unité des tribus autour du temple de Jérusalem (2 R 22-23,30) attribue à Josué le benjaminite, le regroupement des traditions du Nord, en un prologue historique qu’il situe à la fin du livre de son héros (Jos 24). 

Le sacerdotal prolonge le travail de Josias mais dans la perspective de décrire la foi de l’Israël rassemblé non plus seulement dans un traité d’Alliance qui attribue à Dieu les victoires passagères (l’Exil a désenchanté la réforme de Josias) mais pour en faire le prologue historique de toute l’histoire d’Israël à la lumière du monothéisme qui indexe l’histoire d’Israël sur l’histoire du monde.

En reformatant l’histoire d’Israël dans l’édition de sa nouvelle Bible, le sacerdotal, à moins que ce ne soit Esdras lui-même ou un de ses émules, va répandre à travers toute la Bible les racines de cette première Alliance du Nord et du Sud sous l’égide de celui qui est maintenant reconnu comme le seul Dieu du ciel et de la terre et Dieu d’Amour et d’Alliance. C’est lui qui dissémine à travers toute l’œuvre du Deutéronome les morceaux épars de cette Alliance enracinée à Ebal et Garizim et qui va faire du prologue de cette Alliance un résumé de toute l’histoire d’Israël jusqu’au derniers rebonds de l’édition biblique. 

De sorte que l’on peut dire tout à la fois que (Jos 24) est, dans sa racine, le prologue historique le plus ancien de la Bible et le dernier mis en place et relu par l’éditeur sacerdotal. Le « chemin de mémoire », pour reprendre une très belle expression de Damien Noël, y a trouvé un point d’étape qui le situe avec la mort de Josué parallèle à la mort de Moïse à la fin du Deutéronome, comme emblème de toute l’histoire des juges et des rois. 

Les juges auront en permanence à vérifier dans leur histoire de chute et de reprise la permanence de cette Alliance dont ils prolongent le prologue historique. Les rois continueront jusqu’à l’Exil à se mesurer à cette Alliance avec Dieu, pour le meilleur et pour le pire.

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