Verset(s) de la Bible Mt 7,24-27

Cette petite parabole

qui arrive en conclusion du Sermon sur la montagne (Mt 5) ; (Mt 6) ; (Mt 7) a un message clair : sans mise en pratique, rien n'est solide !

Mais allons voir plus loin :

Quel écho cette parabole

a-t-elle pu avoir chez les auditeurs de l'époque ?

La maison bâtie sur le roc

(7,24) "Ainsi, quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc.

(7,25) La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n'a pas croulé : c'est qu'elle avait été fondée sur le roc.

(7,26) Et quiconque entend ces paroles que je viens de dire et ne les met pas en pratique, peut se comparer à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.

(7,27) La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont rués sur cette maison, et elle s'est écroulée. Et grande a été sa ruine !"

Bible de Jérusalem (Ed. 1975)

Voir aussi (Les fondements Bibliques, pages 351 et 541).

Ce tableau permet de situer la genèse d'un texte biblique (Mémoire, Écriture, Relecture

) dans un contexte
de religions environnantes, seuil

par seuil

, dans des expressions de foi situées.

			Seuil	Expressions de la Foi	Genèse du texte

La religion mésopotamienne			1	Les dieux du ciel - Aux origines
La religion égyptienne				Patriarches - Le semi-nomadisme
La religion d'Ugarit				Assimilation/rejet - Immigration
Début de l'écriture biblique
	- VIIIe siècle	Le Baal syro-phénicien	2	Luttes contre Baal - Royaumes unifiés
	- VIIe siècle	Le Marduk assyrien		Trahison du frère - Chute de Samarie
	- VIIe siècle	Le Marduk assyrien		L'Alliance - Le Temple de Josias
	- VIe siècle	Le Marduk babylonien		Hénothéisme - L'Exil
	- Ve siècle - IVe siècle	Mazdéïsme perse		Monothéismes d'Alliance
				Prêtres et Légistes - Second Temple	MEMOIRE 1
				Courant apocalyptique
	- IIIe siècle	L'Hellénisme égyptien		Hellénisation - Alexandre
	- IIe siècle	L'Hellénisme syrien		Persécutions - Antiochus IV
		L'Hellénisme syrien		Séparation des Asmonéens - Esséniens
	- Ier siècle	Rome		La foi dans un Judaïsme éclaté

	de 0 à 33	Judaïsme officiel et apocalyptique sous domination romaine	3	Jésus, irruption d'un nouveau monde
				Jésus et le Temple
				Jésus et la Torah	MEMOIRE 2
				Jésus et la Pâque
Premiers écrits du Nouveau Testament
	de 33 à 70	Judaïsme officiel	4	A Jérusalem
				Missions Judéo-chrétiennes
				En Samarie
				En Syrie	ECRITURE 1
				A Rome
				A Ephèse
La tradition patristique
	+ 135	Judéo-christianisme		Les Pères apostoliques
				Les Pères d'Orient
				Les Pères d'Occident
				Les Pères du désert
				Des Victorins aux Scholastiques

(MEMOIRE 1)

Au temps de Josias

(-640), l'amour de Dieu manifesté dans l'Exode motivait la pratique des commandements (Ex 20,2). Un siècle plus tard, l'énigme de ce qui avait motivé le départ en Exil comme son retour, interdisait de vouloir sonder les intentions divines. Devant le mystère, restait la seule mise en valeur de la pratique de la Torah (Ex 24,3-8).

Dans le judaïsme qui suit l'exil, la pratique (halakhah) prime sur la théologie (aggadah). (+1)

Cette préséance est exprimée par la parabole

de l'arbre. S'il n'a que des feuilles (la théologie/Aggadah) et pas de racines (pratique/halakhah) il tombera à la première tempête. S'il n'a que des racines (la pratique/halakhah) et pas de feuilles (Théologie/Aggadah) il est déjà mort. S'il a les deux, il est comme un arbre planté près du cours des eaux (Ps 1). La parabole

de l'arbre sans racine souligne ce primat de la pratique... La Torah y est symbolisée par un arbre (Gn 2).

Arbre de la Torah

(7,24) "Ainsi, quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc.

(7,25) La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n'a pas croulé : c'est qu'elle avait été fondée sur le roc.

Le Judaïsme disait : Celui qui a de la "Aggadah/récit" mais n'a pas de "halakhah/mise en pratique" est comme un arbre qui n'aurait que des feuilles. Le vent souffle et renverse l'arbre. Celui qui médite la Torah et la met en pratique est comme un arbre planté près du cours des eaux, son feuillage tient bon (Ps 1). Jésus reprend le proverbe. Mais, durant tout le Sermon sur la montagne, il a remis en question la pratique de son temps. Cela signifie qu'il a un nouveau feuillage (théologie/Aggadah) qui donne vie aux racines qui font la solidité de l'arbre contre la tempête. Et la question est posée aux versets suivants de ce qui fonde son "autorité" (28s). Ce qui lui permet de proposer de nouvelles racines (une nouvelle halakhah) tient au fait que venant de Dieu il tient de lui son feuillage (la connaissance du mystère:la Aggadah). Pourtant, là encore, l'enracinement dans la pratique (halakhah) est indispensable. Bien plus, si Jésus a son feuillage dans le ciel, nous ne l'avons nous-mêmes qu'en l'écoutant. Seule la nouvelle pratique nous permet de deviner ce qui donne vie au feuillage. Nous n'avons pas plus connaissance du mystère du Christ que le judaïsme n'avait celui de Dieu. A la nuance près que Dieu a incarné sa parole et a fait sa demeure dans son peuple. Il faudra donc remplacer l'arbre par une maison. Elle est fondée sur le roc (YHWH

dans le judaïsme). Mais sur ce roc Dieu a fait sa demeure et c'est une maison.

(+1)

Le judaïsme est une orthopraxie, un peu à la manière du marxisme qui s'est inspiré de lui et en a modernisé les prémices.

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(MEMOIRE 2)

Le texte n'existe que chez Mt et Lc et pas chez Mc. Il remonte donc aux toutes premières catéchèses de la source Q (Quelle). Le rédacteur se souvient des catéchèses orales du Matthieu araméen. (+1)

Mise en pratique du Sermon sur la montagne

(7,24) "Ainsi, quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc.

Jésus reprend la tradition du (Ps 1), mais il change l'arbre de la Torah en maison construite sur de la pierre, c'est-à-dire sur l'Eglise, qui a Pierre comme fondation.

(+1)

Le fait que ce renversement de l'arbre en maison fasse partie de la catéchèse primitive de la Quelle (source catéchétique commune à Matthieu et Luc et absente de Marc)) vient confirmer l'authenticité de (Mt 16,18

) où Simon est déjà appelé Pierre sur laquelle est fondée la maison. Le roc=YHWH

et son envoyé=Jésus qui "habite parmi nous" ont pour apôtres = envoyés les douze et parmi ceux-ci, de manière éminente : Pierre. On se souviendra que "envoyé/shaliah se définit en hébreu domey lisheluho/semblable à celui qui l'envoie. Jésus pouvait dire à ses apôtres/envoyés : Celui qui vous accueille m'accueille et accueille Celui qui m'a envoyé.

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(ECRITURE 1)

L'Eglise, en Syrie, reprend le Matthieu araméen.

L'Eglise de Syrie fondée sur Pierre

(7,24) "Ainsi, quiconque écoute ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut se comparer à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc.

Celui qui n'a que les paroles d'Evangile (Sermon sur la montagne) et ne les met pas en pratique n'est plus jugé selon l'image de l'arbre de la Torah, mais selon l'image de la maison bâtie sur le roc de Simon que Jésus a appelé Pierre.

Les relectures

rendent cette parabole

riche de sens :

- Ce que Jésus demande est vraiment à mettre en pratique.

- Cette pratique donne des fondements à la foi du disciples et à celle de la communauté.

- Ces fondements sont ceux de l'Eglise elle-même, dont la pierre de fondation est l'apôtre Simon Pierre (Mt 16).

En bref, la maison bâtie sur le roc

La lecture des chapitres (Mt 5) ; (Mt 6) ; (Mt 7) de Matthieu fait réaliser à quel impossible Jésus appelle : amour des ennemis, pardon inconditionnel et fidélité absolue dans le mariage et les relations. Cela est-il un bel idéal dont il faut garder le souvenir pour ne pas se résigner à la médiocrité ou au mal ?

Non ! Car, par cette parabole

, Jésus, dans la droite ligne du judaïsme, précise clairement que ces nouveaux commandements sont à pratiquer, dès aujourd'hui, sous peine de voir s'écrouler l'édifice de la foi.

Cette mise en pratique n'est donc pas optionnelle ou réservée à quelques super héros de la vertu. Elle est une nécessité vitale pour la foi du disciple, comme pour la foi de l'Eglise. La mise en pratique de la Torah donnée par Jésus transforme le disciple en alter Christus et rend présent le Royaume.