Charte

En accédant à "www.referen-ciel.com" ou en utilisant l'une ou quelconque des pages de "www.referen-ciel.com", vous acceptez expressément la charte énoncée ci-après et les conditions générales d'utilisation.

Charte des « Seuils de la foi » Marque déposée

proposée à qui se réclame de Mess’AJE

1 - Publics visés


Le parcours des « Seuils de la foi » s’adresse à des personnes désireuses de  
  • structurer leur foi personnelle en en retrouvant les racines historiques dans la Bible ;
  • commencer ou conclure une formation théologique dans la tradition de l’Eglise ;
  • servir la catéchèse ecclésiale dans les divers lieux et occasions où elle s’exerce.  

2 - Les lectures traditionnelles de la Bible

L’enseignement de la Bible se fait habituellement par « corpus » littéraire. On distingue en effet dans la Bible : 
  - Ancien Testament
  • en hébreu : Torah, Prophètes, Ecrits (TOB);
  • en grec : Pentateuque, Livres historiques, Ecrits de sagesse, Prophètes (BJ).
  - Nouveau Testament (en grec : Evangiles et lettres).

L’ensemble des livres de l’Ancien Testament dessine le plan d’une « Histoire Sainte » de facture tardive (postexilique), différemment orientée en hébreu et en grec :
  • En hébreu, elle aboutit, avec les Ecrits, à la confrontation avec l’hellénisme.
  • En grec, elle aboutit aux prophètes comme annonciateurs du futur.  
Le Nouveau Testament prolonge cette Histoire Sainte 
  • dans les Evangiles, avec l’Incarnation du Verbe de Dieu en Jésus, sa confrontation avec le judaïsme de son temps et la fin tragique sur la croix.
  • Les Actes des Apôtres et les épîtres ouvrent sur un nouveau mode de présence du Verbe.
Cette « histoire sainte » pourra s’appeler : « Histoire du Salut » dans la mesure où sa vision du monde intégrant son histoire est ouverte sur le divin qui donne sens à la mort que l’homme sait inéluctable. Nous appelons « fondamentaux » le tissage opéré par une population entre sa vision du monde et la place qu’y tient son histoire. Ce « tissage/texte » est proclamé au cours d’une liturgie initiatique pour en transmettre l’héritage aux générations suivantes. C’est pourquoi on lui donne aussi le nom de « mythe », du grec « muthos » qui signifie « récit proclamé ».  
 

3 - Les méthodes de lecture 

Les sciences historiques modernes permettent d’entrevoir, sous-jacente à cette « Histoire Sainte/Histoire du salut », une « histoire littéraire » vérifiée aux différents plans archéologique, rédactionnel, et narratif :
  • Au temps des mémoires (de la préhistoire à la première écriture au 8°s.);
  • au temps du rassemblement des mémoires dans le premier Temple unifié (Josias au 7°s.);
  • puis dans les différentes relectures depuis la découverte du monothéisme (au 6°s.),
  • jusqu’aux écrits de Qumran (2°s.), le Nouveau Testament et les premiers tannaim.
Notre lecture, tout en accueillant les résultats de ces méthodes, n’en fait pas l’axe majeur de son exploration de la Bible ni de son exposé. 


4 - Une histoire de la foi 

Plus accessible encore que l’histoire exacte ou littéraire, se profile une « histoire de la foi ».
  • Elle reflète les crises religieuses vécues dans l’affrontement avec les autres religions aux différentes époques de la bible (par exemple : avant et après l’Exil ou avant et après Jésus Christ). 
  • Elle reflète également, avec la crise, l’accueil fait à une foi nouvelle reçue comme un don de Dieu par les différents protagonistes qui l’ont vécue (par exemple : juifs et chrétiens). 
Cette « histoire de la foi » compte tenu que la foi y est productrice de textes analysables par l’historien, est crédible, comme « l’histoire littéraire » aux différents plans : archéologique, historique et narratif. 
Chacune des crises de cette histoire de la foi remet en question les fondamentaux précédents avec leurs conséquences en terme de codes, rites et institutions. La foi nouvelle, résultant de la grâce qui y est perçue, ouvre sur de nouveaux fondamentaux et une nouvelle expression des rites, codes et institutions.

Une exégèse par « seuil de foi » permet de rattacher chaque expression de la foi biblique à la configuration historique (religieuse, culturelle, sociale, politique) la plus susceptible de l’avoir vu naître.


5 - Qu’est-ce qu’un « Seuil de foi » ?
 
Depuis la préhistoire la plus reculée, l’homme se distinguerait de l’animal par le fait qu’il se sait mortel et ne s’en satisfait pas ; il enterre ses morts pour leur donner un au-delà, ne serait-ce que dans le rituel. Il recherche le sens de sa vie dans son univers. Il pense son « histoire » dans une « cosmogonie ». C’est l’expression élémentaire de la foi, si l’on veut bien ne pas confondre « foi » et foi formulée ou foi exprimée en dogme. 


Dans la Bible, la « foi » a été marquée aux différentes époques de 
  • l’installation en Canaan, 
  • de l’Exil à Babylone,
  • du Jésus de l’histoire
  • et de la mission de l’Eglise.
A chaque changement d’époque, les différentes expressions de cette « foi » disent la façon originale qu’a eue une population de se situer avec son histoire dans les cosmogonies qui l’environnaient. Elle y a repensé ses fondamentaux avec leurs conséquences en terme de  codes, rites et institutions


6 - Une image pour comprendre ce qu’est un « Seuil de foi » 

Une cosmogonie est comme un bateau. Des hommes y sont embarqués. Leur monde est la mer  jusqu’à l’horizon qui se dérobe ; leur espérance l’épouse qui les attend. Du bateau de guerre au bateau de cabotage, les marins partagent les mêmes tempêtes et le même air vivifiant. Tous les marins chantent la même chanson. Mais, du bateau de guerre au bateau de cabotage les paroles changent, elles ne reflètent pas les mêmes souvenirs, ne disent pas les mêmes dangers, les mêmes luttes ni les mêmes victoires. Du bateau de guerre au bateau de cabotage, les marins n’ont pas non plus les mêmes règlements, ni les mêmes rites, ni les mêmes institutions.
L’image vaut pour les cosmogonies bibliques. 
Le passé des ancêtres, en plein cœur de la civilisation du Proche-Orient, a fait prendre aux tribus leurs distances par rapport aux cosmogonies égyptiennes ou mésopotamiennes des terres agricoles où ils s’installaient. Elles venaient du semi-nomadisme et non de grands royaumes institués. Sur la mer des civilisations, leur bateau était un bateau de cabotage et pas un bateau de guerre. Cela changeait la chanson et cela changeait les codes, les rites et les institutions.
Poursuivons l’image. Ce que révèle aussi la Bible, et c’est là que nous allons rencontrer l’idée de « Seuil de foi », c’est que, en temps de crise, il est arrivé plusieurs fois à l’homme biblique de passer du cabotage au navire de guerre. L’histoire de sa foi l’a fait changer de cosmogonie, avec toutes les conséquences qui en découlent. En changeant de bateau, il y a franchi un « Seuil ». Pourtant, sur la mer des civilisations en quête d’un au-delà de l’horizon, le marin continuait à chanter sa chanson à la belle restée au pays. Mais il était passé du coude-à-coude familial où les décisions se prenaient à chaque coup de tabac, au règlement de la marine de guerre ou la cohésion créatrice venait d’en haut. 
Abandonnons l’image et revenons à la Bible.


7 - D’un « Seuil de foi » à l’autre 

Ainsi, au fil du temps, la Bible a juxtaposé les ensembles constitués par les différents fondamentaux et leurs conséquences en termes de codes, rites et institutions. Elle n’a pas supprimé le premier ensemble pour être supplanté par le nouveau. Elle a, au contraire intégré partiellement la version la plus ancienne dans la nouvelle et juxtaposé ce qui n’était pas intégrable. Et c’est grâce à ces traces de la foi laissées par l’histoire que l’on peut aujourd’hui refaire, « seuil » par « seuil », l’histoire de la foi.
 Pour réussir cette superposition, elle a puisé, dans les mémoires communes, les récits puis les écrits partagés. Elle en a relu les discontinuités comme conséquences d’expériences de crise où le monde avait semblé basculer. Et ce, jusqu’à l’apparition d’un nouvel horizon où la foi a pu lire, sur le moment ou a posteriori, l’attestation d’une initiative libre, gratuite et inédite de Dieu, proposée et vécue comme un « Seuil » à franchir.


8 - Quatre « Seuils de foi » 

Le « seuil de foi » essentiel est celui qui amène à passer d'une Alliance écrite entre Dieu et son peuple à une Alliance nouvelle en la personne de Jésus homme Dieu. C'est à partir de ce nouveau « Seuil » essentiel que se dessinent pour le chrétien d'autres « Seuils ». Ces « Seuils » ont pour lui une importance historique qu’ils n’ont pas dans la Judaïsme. Cela est dû au fait qu’avec Jésus, le chrétien confesse aussi que Dieu se manifeste de manière incarnée dans l’histoire. Il en résulte que, pour la foi chrétienne, toute l’histoire biblique, que ce soit en amont ou en aval de Jésus, devient la préface ou la postface de l’Incarnation du Verbe.
  • Au 1° Seuil : passage d’une foi de berger à une foi vécue en terre « agricole ».
  • Au 2° Seuil : dans le passage du polythéisme au monothéisme exilique,
  • Au 3° Seuil : de la pratique de la Torah à la Foi au Christ et son Royaume,
  • Au 4° Seuil : de Jésus à l’Eglise qui continue le Christ ressuscité.
Ces passages de « Seuils », perçus comme intervention de Dieu dans l'histoire menant au Christ, sont la clef de la Théologie comme de la pédagogie catéchétique.


8 - L’accompagnement théologique et catéchétique des « Seuils de la foi »

Le chrétien vit le quatrième « Seuil » à la lumière de l’Esprit Saint qui est donné par le Ressuscité et qui prend du « bien » de Jésus (le premier Paraclet au 3° « Seuil ») pour le conduire à la vérité tout entière (l’autre Paraclet de Jn 14,16 au 4° « Seuil »).
Comme les pèlerins d’Emmaüs le chrétien relit toute la Bible à la lumière de la vie de Jésus en tentant de retrouver dans la Torah et les prophètes tout ce qui conduit à Lui.


9 - Théologie en interne ou catéchétique 

Le chrétien relit dans cet Esprit Saint tout ce qui, dans les « Seuils » précédents, est intégrable dans la nouvelle configuration de foi de l’Eglise
Ce qui n’est pas intégrable parce que reflétant une foi polythéiste (1° Seuil) ou une foi juive (2° Seuil), connaît deux traitements différents : 
  • ou bien on ne le lit pas (les parenthèses dans le psautier, le marcionisme) ou on ne le met pas en valeur (on ne fait pas les homélies sur l’Ancien Testament);
  • ou bien on le lit à la manière d’Origène en transposant dans un sens spirituel tout ce qui n’est pas conforme à l’Evangile. 
L’accompagnement théologique est alors la lecture des Pères de l’Eglise et à partir d’eux l’étude de l’ensemble de la tradition de l’Eglise. On rejoint alors le parcours de la théologie classique : la positive et la spéculative.


10 - Théologie missionnaire ou catéchuménale 

Le Concile Vatican II (Nostra aetate 2 et Lumen Gentium 16) met en valeur que Dieu ne pouvant pas éliminer ses enfants non-chrétiens pour la seule raison qu’ils n’auraient pas eu connaissance de l’Evangile, pose comme principe que tout non-chrétien, qui dans ses rites et ses textes accueille inconditionnellement tout ce que Dieu pourrait encore révéler de Lui, peut être sauvé en Jésus Christ.
Ce qui n’est pas intégrable pour un chrétien dans le « 1° Seuil » polythéiste peut alors être lu, comme un chemin voulu par Dieu pour amener ses fidèles à accueillir inconditionnellement tout ce qu’il pourrait encore révéler de Lui. Non seulement le 1° Seuil peut être lu comme « une préparation évangélique », mais son étude peut être un chemin fiable pour aboutir au Christ.
De même ce qui n’est pas intégrable pour un chrétien dans le « 2° Seuil » (1), peut être lu avec les juifs comme un chemin déjà parvenu au monothéisme d’Amour et pas encore à Jésus. L’impossibilité pour le Juif d’intégrer l’ensemble de l’Ancien Testament dans une pensée sur Dieu, unique et maîtrisée, aboutit à formuler la foi dans une orthopraxie définie par le consensus des Sages. Le support spirituel de cette orthopraxie juive peut aujourd’hui s’appuyer sur la pensée de Lévinas faisant du visage d’autrui, le reflet du Sinaï, ou chez Rosenzweig, sur une Parole de Dieu à signification plurielle comme le serait « une poussière d’étoiles ». Tous attendent une victoire de l’amour de Dieu, un dévoilement à la fin des temps ou faisant irruption (apocalyptique) dans le temps. Jésus exprime son envoi par le Père dans cette dernière hypothèse. 
Avec le Concile, on peut dire que ce judaïsme, s’il accueille inconditionnellement tout ce que Dieu peut encore révéler de lui, peut se révéler être une préparation évangélique, un chemin pour accueillir Jésus. On a alors posé les bases d’une théologie biblique missionnaire accompagnant la théologie interne à l’Eglise qui écoute la Parole de Dieu dans l’étude de l’Ecriture et  de la Tradition.
Telle est la charte de l’accompagnement théologique et catéchétique de l’étude des « Seuils ».
--------------
(1)  Ex : La polygamie (les rois : David, Salomon…), Ezéchiel : chacun pour soi : Ez. 14,15-16…, rejet des païens : Esdras…

      Propriété intellectuelle et Usage

      L'ensemble du contenu du site Référen-ciel est à usage privé.
      Respecter la propriété intellectuelle 
      et ne pas en déformer le contenu.

      Selon, entre autre,
      les lois informatiques en vigueurs
      et la Charte ici présente.

      Les publications de référence :

      Les Seuils de la Foi

      Editions Parole et Silence et Université Catholique de Lille

      En savoir plus
      Le blasphème de JésusLe blasphème de Jésus
      Les fondements bibliquesLes fondements bibliques
      Entrer dans la foi avec la BibleEntrer dans la foi avec la Bible
      Autre publication du père Jacques Bernard
      Ressources théologiques et philosophiquesRessources théologiques et philosophiques