Verset(s) de la Bible Lv 19,18

(19,18)  Tu aimeras ton prochain comme toi-même, je suis Adonaï.
Il faut comprendre d'après le contexte : Tu aimeras le prochain qui est comme toi, c'est-à-dire le "fils de ton peuple". Les tribus viennent de se constituer en peuple dans l'unité du Temple. L'amour au sein de la tribu semi-nomade, privilège donné par le Dieu du désert,  est maintenant offert à tous les enfants du peuple d'Israël.

Le prochain devient ceux qui sont réunis autour de la Torah des prêtres exprimée dans le livre du Lévitique et confessent le monothéisme d'Alliance (ou d'Amour) à l'exclusion de tous les autres. On a en effet dans le verset précédent : "les enfants de ton peuple" et au verset au-dessus : "ton compatriote". Cet amour est à l'exclusion de tous les autres et en particulier des ennemis qu'il faut haïr d'une "haine parfaite".

Ainsi le recommande la liturgie du second Temple (Ps 139,21-22).

Dans le sermon sur la montagne (Mt 5,43) le prochain devient tous ceux qui sont concernés par l'incarnation du Verbe dans l'humanité et sont identifiés à Lui. Or cette offre est faite à tout homme à la manière dont Dieu fait lever son soleil sur tous, qu'ils soient bons ou mauvais. Ceci pouvait être compris non seulement par ceux qui désiraient l'irruption du Verbe dans le temps mais par ceux qui n'attendaient que pour la fin du monde la victoire de l'Amour. En (Mt 25,31) le prochain "compatriote" devient, devant le Fils de l'homme trônant sur toutes les nations rassemblées, l'étranger, le prisonnier, l'assoiffé, le malade en lesquels il faut reconnaître Jésus lui-même (Mt 25,43) :  J'étais un étranger et vous ne m'avez pas accueilli, nu et vous ne m'avez pas vêtu, malade et prisonnier et vous ne m'avez pas visité, (Mt 25,45) : Dans la mesure où vous ne l'avez pas fait à l'un de ces plus petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait.

C'est lorsque la foi devient monothéiste tout en affirmant que Dieu est amour que ce commandement prend un sens nouveau.

Lorsque Dieu se fait homme en Jésus, et que le Royaume qu'il apporte restitue l'homme dans son état "originel", le prochain, comme la parabole du bon Samaritain le montre, devient tout homme, y compris celui qui semble le moins proche.

Tout un programme que les Pères de l'Eglise ont bien perçu !