Pré-pascal et post-pascal : méthode et enjeux théologiques

On a longtemps pratiqué en exégèse la méthode dite de « double dissimilarité » qui consistait à retirer des Evangiles tout ce qui était trop juif et tout ce qui était déjà chrétien, pour ne garder que ce qui aurait été « historique incontestablement ».

Cette méthode a porté des fruits bien résumés dans les livres de John P. MEIER.
Dans cette optique évidemment tout ce qui dit "résurrection" est postpascal.

Aujourd'hui on met en évidence que ce qui résulte du portrait historique vérifié par la « double dissimilarité », c'est-à-dire le Christ "marginal jew »/ « historique" n'est pas une "shadow" (critique que l’on faisait à l’inventeur de la double dissimilarité) mais a une consistance qui le pose déjà comme "Christ". Dans ces christologies prépascales (dire cela était une énormité il y a cinq ans) il est évident que joue déjà le fait que Jésus ne pouvait être ce "christ" s'il n'était pas déjà "transfiguré dans son humanité" par l'Amour de son Père. De sorte que le sommet de cet amour sur la croix a pu déjà être envisagé comme résurrection/transfiguration (ce qui est parfaitement mis en évidence par la passion de St Jean). Dans ce cas les apparitions, pour surprenantes qu'elles aient été comme toute manifestation de Dieu, pouvaient parfaitement être déjà vécues implicitement comme transfiguration dès la mort de Jésus, en accomplissement de la transfiguration de ses actes et de sa vie de "Messie" tout au long de sa prédication (du coup la transfiguration de Jésus devant ses disciples n'est plus une création postpascale inventée par les disciples mais une réalité prémonitoire). C'est ce que sous-entend aussi le terme "réveillé" (egertheis) et pas seulement "élevé" (anisthémi) pour dire en grec la résurrection. C'est une question passionnante et essentielle dans laquelle nous avons bien progressé depuis quelques années.