Verset(s) de la Bible Dn 7

Le chapitre 7 du livre de Daniel présente une vision, celle d'un Ancien siégeant sur un trône, et près de lui, un fils d'homme qui descend du ciel. 
L'Eglise y voit l'annonce de Jésus (cf. le livre de l'Apocalypse qui cite abondamment le livre de Daniel, précisément cette vision du Fils de l'homme). 
Mais le livre de Daniel a été écrit dans le contexte particulier des persécutions grecques (- 165).

Quel sens avait la vision au moment où elle a été mise par écrit ? 
Comment les juifs de l'époque de Jésus pouvaient-ils l'interpréter ? 

  
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Vision du fils de l'homme chez Daniel

(7,1)  En l'an 1 de Balthazar, roi de Babylone, Daniel vit un songe et des visions de sa tête, sur sa couche. Il rédigea le rêve par écrit. Début du récit :
(7,2)  Daniel dit : J'ai contemplé des visions dans la nuit. Voici : les quatre vents du ciel soulevaient la grande mer ;
(7,3)  quatre bêtes énormes sortirent de la mer, toutes différentes entre elles...
Bible de Jérusalem (Ed. 1975)


Pour voir le texte biblique complet de Dn 7




Voir aussi (Les fondements bibliques, page 355)
Ce tableau permet de situer la genèse d'un texte biblique (Mémoire, Écriture, Relecture) dans un contexte
de religions environnantes, seuil par seuil, dans des expressions de foi situées.
Religions environnantesSeuilExpressions de la FoiGenèse du texte
 
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Les Pères d'Orient    
Les Pères d'Occident    
Les Pères du désert    
Des Victorins aux Scholastiques    
 
L'auteur est censé avoir sa vision à la fin de l'empire de Babylone, c'est à dire vers -540 av JC. En fait, sa vision est relative à la persécution d'Antiochus Epiphane,vers -167 av JC.
Les mémoires remontent au temps des exilés à Babylone et le roi au temps de Daniel y est supposé le fils de Nabuchodonosor le païen par excellence. Un Bel-shar-ousour a pu rester dans les mémoires comme fils de Nabonide et dernier roi de Babylone. L'auteur puise d'autant plus aisément dans ces mémoires pour prédire l'avenir qu'il se situe, lui, quatre siècles plus tard, après la persécution d'Antiochus Epiphane, autre roi infâme.

Incarnation sur terre des puissances maléfiques célestes

(7,1)  En l'an 1 de Belshassar, roi de Babylone, Daniel vit un songe et des visions de sa tête, sur sa couche. Il rédigea le rêve par écrit. Début du récit. Le Ch. 7 commence la seconde section du livre de Daniel (v. contexte Daniel).  C'est la résistance à cette persécution qui a initié pour Israël la théologie de la résurrection et donc de l'ouverture du ciel pour ceux qui y ont accès.
(7,2)  Daniel dit : J'ai contemplé des visions dans la nuit. Voici: les quatre vents du ciel soulevaient la grande mer.  La mer à Babylone est Tiamat, la puissance du mal. D'elle vont sortir quatre monstres.
(7,3)  Quatre bêtes énormes sortirent de la mer, toutes différentes entre elles.
(7,4)  La première était pareille à un lion avec des ailes d'aigle : lions ailés de la mythologie babylonienne. Tandis que je la regardais, ses ailes lui furent arrachées, elle fut soulevée de terre et dressée sur ses pattes comme un homme, et un cœur d'homme lui fut donné. Il est notable que les puissances maléfiques sont considérées comme incarnées par des humains.
(7,5)  Voici : une deuxième bête, tout autre, semblable à un ours : c'est Darius le Mède, juste avant l'arrivée des Perses, dressée d'un côté, trois côtes dans la gueule, entre les dents - peuples vaincus par Darius-. Il lui fut dit : "Lève-toi, dévore quantité de chair."

(7,6)  Ensuite, je regardai et voici : une autre bête pareille à un léopard, portant sur les flancs quatre ailes d'oiseau ; elle avait quatre têtes : symboles de l'universalité de son règne, et la domination lui fut donnée.

(7,7)  Ensuite je contemplai une vision dans les visions de la nuit. Voici : une quatrième bête, terrible, effrayante et forte extrêmement cela vise Alexandre ; elle avait des dents de fer énormes : elle mangeait, broyait, et foulait aux pieds ce qui restait. Elle était différente des premières bêtes et portait dix cornes : royaumes grecs ; avec Alexandre et les Grecs, la vision a franchi quatre siècles.

(7,8)  Tandis que je considérais ses cornes, voici : parmi elles poussa une autre corne, petite (Antiochus Epiphane) ; trois des premières cornes furent arrachées de devant elle, et voici qu'à cette corne, il y avait des yeux comme des yeux d'homme, et une bouche qui disait de grandes choses ! Là encore les puissances célestes du mal auxquelles a accès Daniel dans sa vision sont décrites comme ayant pris une forme humaine en la personne d'Antiochus Epiphane. 
(ECRITURE 1)
sous la persécution d'Antiochus Epiphane, vers -167. Le Temple est pillé et une statue de Zeus y est installée : "abomination de la désolation". Les juifs sont interdits de pratiquer la Torah. Certains résistent et acceptent de mourir pour rester fidèle à la Torah; d'autres s'enfuient au désert, d'autres encore pactisent avec l'ennemi.

Le vieillard et le trône

(7,9)  Tandis que je contemplais, des trônes furent placés : à côté des puissances maléfiques issues de la mer, il y a d'autres puissances auxquelles sont conférées des trônes voisins de celui du vieillard, et un Ancien s'assit. Son vêtement, blanc comme la neige ; les cheveux de sa tête, purs comme la laine. Son trône était flammes de feu, aux roues de feu ardent.
(7,10)  Un fleuve de feu coulait, issu de devant lui. Mille milliers le servaient, myriade de myriades - toute l'armée des étoiles du ciel- debout devant lui. Le tribunal était assis, les livres étaient ouverts (les trônes à côté du vieillard sont pour les autres juges).
(7,11)  Je regardais ; alors, à cause du bruit des grandes choses que disait la corne - toujours Antiochus Epiphane - tandis que je regardais, la bête fut tuée, son corps détruit et livré à la flamme de feu. C'est la fin de la persécution et la victoire des martyrs.
(7,12)  Aux autres bêtes la domination fut ôtée, mais elles reçurent un délai de vie, jusqu'à une date et un moment déterminés.

Le Fils de l'homme

(7,13)  Je contemplais, dans les visions de la nuit : Voici, venant sur les nuées du ciel, comme un Fils d'homme. Il s'avança jusqu'à l'Ancien et fut conduit en sa présence. Ce Fils d'homme ne vient pas de la terre mais du ciel. Il fait partie des puissances du ciel auxquelles sont préparées des trônes.
(7,14)  A lui fut conféré empire, il y a une intronisation et un couronnement, comme si le vieillard s'assurait une continuité dans la nouvelle puissance divine à face humaine,  venue du ciel et qui trône avec lui, honneur et royaume, et tous peuples, nations et langues le servirent.
Son empire est un empire éternel qui ne passera point, et son royaume ne sera point détruit.
C'est l'image archétypale en Dieu de ceux qui vont rejoindre par le martyre Celui - le fils d'homme - qui, auprès de Dieu son égal, a de tout temps été leur avocat et le Juge de leurs ennemis. Ceci est proche de la relecture qui en sera faite dans l'épître aux Ephésiens (Ep 1).(+1)Comme le montre la suite du chapitre, le peuple des martyrs va rejoindre le Fils de l'homme dans le ciel. Au point qu'on a parfois pensé que le "fils de l'homme" était une figuration dans le ciel des martyrs qui en donnant leur vie à Dieu ont mérité la résurrection auprès de lui. De sorte qu'il y a une transfiguration des martyrs dans le ciel après leur mort où ils vivent, transfigurés dans l'Amour créateur, la continuation de leur vie humaine. Il devenait alors possible de donner à cette ascension des martyrs dans le ciel, une image qui serait, en Dieu, le symétrique humain du "Fils de l'homme" céleste et divin : une puissance divine qui serait dans la même humanité que celle des martyrs ressuscités et serait, en même temps dans le ciel leur avocat auprès du Vieillard dont il était la réplique jeune, lors du jugement. On comprend que de nombreux exégètes aient alors voulu simplement voir dans ce Fils de l'homme au ciel l'image des martyrs remontés auprès de Dieu (+2) (+3)
en savoir plus
(+1) Pour le juif Daniel Boyarin, (cf.le Christ juif), cela veut dire que les juifs avaient déjà conscience qu'il pouvait y avoir une seconde puissance en Dieu. Mais conformément à la conception orthodoxe d'une Torah shelemah, définitive en Dieu, depuis la création jusqu'aux jours du Messie à la fin des temps, il rattache cette binarité au fait que, dès les premiers moments de la Bible YHWH a été joint à El ou à Astarté, pour dire que l'idée d'un Dieu binaire était de tout temps possible. Mais Boyarin ne respecte pas les décrochements des "seuils" dans l'appréciation de la divinité vers le monothéisme. Je proposerais une autre hypothèse qui tient compte de ces "seuils" et de l'histoire de la rédaction de ce texte. Comme le montre la suite du chapitre, le peuple des martyrs va rejoindre le Fils de l'homme dans le ciel. Au point qu'on a parfois pensé que le "fils de l'homme" était une figuration dans le ciel des martyrs qui en donnant leur vie à Dieu ont mérité la résurrection auprès de lui. De sorte qu'il y a une transfiguration des martyrs dans le ciel après leur mort où ils vivent, transfigurés dans l'Amour créateur, la continuation de leur vie humaine.
(+2)
J’ajouterais à cette démonstration un élément que j’ai publié dans MSR « confessions divergentes » montrant que rabbi Aqiba a été, ainsi que rabbi Eli’ezer ben Orkanos, excommunié par les héritiers de l’assemblée de Yabné pour leurs tendances à reconnaître le courant apocalyptique du judaïsme. Ils ont du faire dissidence à l’académie de Lod dont un des derniers représentants, rabbi Tarfon, croisera le fer avec Justin dans son dialogue avec Trifon (Tarfon). Ceci explique pourquoi rabbi Aqiba ne craignait pas de voir dans le « fils de l’homme » une apocalypse, une apothéose ou encore une théophanie d’un double davidique du Vieillard siégeant sur le trône, tandis que son challenger veut n’y voir qu’une double expression (miséricorde et jugement) d’une unique divinité.  Pour Boyarin, il ne fait pas de doute que l’on peut conserver les deux hypothèses : celle du personnage céleste et celle de la représentation des martyrs. En bon juif il peut rappeler : « Elu weelu dibrey Elohim Hayyim » « Ceci et ceci sont paroles du Dieu vivant ». Les contraires, s’ils choquent notre raison, ne sont pas incompatibles en Dieu. Le chrétien répond que si Dieu s’est incarné c’est pour mettre fin à ces ambiguïtés et, à la manière de rabbi Ishmaël « parler en langage d’homme » et non « dans le feu » comme le préconisait rabbi Aqiba. Le chrétien peut très bien à l’époque de la physique quantique et du « chat de Schrödinger » dire tout à la fois que Dieu a parlé un langage d’homme en Jésus, mais que ce langage n’épuise pas la réalité du mystère puisque ce langage d’homme ne prend toute sa vérité que « prononcé » par l’Esprit Saint dans des gémissements indicibles, c’est-à-dire dans le feu de l’Amour.
(+3)

Daniel Boyarin dans le Christ juif (pp.37-66). L'auteur regrette cet affadissement de la divinité du "fils de l'homme" céleste pour sauver l'unicité de Dieu, dans ce travesti où il n'est plus que l'image des martyrs. Boyarin montre bien comment la lecture de (Dn 7,13-14) conduit normalement à voir dans le Fils de l’homme un personnage, divin depuis toujours, réplique jeune du vieillard assis sur le trône et qui est intronisé auprès de Lui. Il cite l’exégèse d’Aphraate l’iranien (ou syrien ou perse) du 4ème s. qui dans sa démonstration 5,21 s’élève contre l’hypothèse que « le Fils de l’homme » désigne le peuple juif. « Les fils d’Israël ont-ils reçu le Royaume du Très-Haut ? À Dieu ne plaise ! Ou encore ce peuple est-il venu sur les nuées du ciel ? ». Le Fils de l’homme ne peut donc être qu’un personnage céleste, intronisé en « double » du vieillard qui siège dans le ciel. S’il en était autrement, ce serait, aux dires de J.A. Emerton, cité par Boyarin,  « la seule exception sur 70 autres passages de l’Ancien Testament où Fils de l’homme » ne serait pas un personnage divin.  On retrouve cette interprétation du « fils de l’homme céleste » chez rabbi Aqiba que Boyarin cite dans sa note 3. Aqiba se fait tancer par son collègue Yosé le Galiléen qui l’accuse de « profaner la Shekhina » et propose que l’on dissocie les deux pouvoirs en Dieu comme étant l’un le pouvoir de jugement et l’autre le pouvoir de miséricorde. Ainsi l’unicité de Dieu est maintenue. Citons encore Boyarin dans cette note 3 : « Il y a peu de doute que les deux rabbins évoqués comprenaient ce passage de Daniel comme une théophanie. « Rabbi Aqiba percevait deux figures divines dans les cieux, un Dieu le Père et un Roi David ayant connu une apothéose ».
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L'interprétation du songe

(7,15)  Moi, Daniel, mon esprit en fut écrasé et les visions de ma tête me troublèrent.
(7,16)  Je m'approchai de l'un de ceux qui se tenaient là et lui demandai de me dire la vérité concernant tout cela. Il me répondit et me fit connaître l'interprétation de ces choses. Ce n'est plus Daniel qui interprète le songe mais quelqu'un de la cour de Dieu. Ceci vient encore confirmer que depuis le début ce qu'a dit Daniel venait bien de son commerce familier avec le ciel.
(7,17)  "Ces bêtes énormes au nombre de quatre sont quatre rois qui se lèveront de la terre. Comme plus haut, ce peut être aussi les successeurs d'Alexandre, les diadoques qui se partagent son empire à sa mort (Dn 2,41-43).
(7,18)  Ceux qui recevront le royaume sont les saints du Très-Haut. C'est-à-dire les futurs martyrs de la persécution d'Antiochus Epiphane qui vont rejoindre le "fils de l'homme" divin et vont régner avec Lui, et ils posséderont le royaume pour l'éternité, et d'éternité en éternité."
(7,19)  Puis je demandai à connaître la vérité concernant la quatrième bête (Antiochus IV Epiphane), qui était différente de toutes les autres, terrible extrêmement, aux dents de fer et aux griffes de bronze, qui mangeait et broyait, et foulait aux pieds ce qui restait ;
(7,20)  et concernant les dix cornes qui étaient sur sa tête - et l'autre corne poussa et les trois premières tombèrent, et cette corne avait des yeux et une bouche qui disait de grandes choses, et elle avait plus grand air que les autres cornes : les blasphèmes d'Antiochus contre le Temple.

(7,21)  Je contemplais cette corne qui faisait la guerre aux saints et l'emportait sur eux,
(7,22)  jusqu'à la venue de l'Ancien qui rendit jugement en faveur des saints du Très-Haut. Ils rejoignent le "Fils de l'homme" au ciel et deviennent comme des anges (cf. Qumran où les saints sont assimilés aux anges) tandis que le Vieillard juge les persécuteurs, et le temps vint et les saints possédèrent le royaume.

(7,23)  Il dit : "La quatrième bête sera un quatrième royaume sur la terre, différent de tous les royaumes. Elle mangera toute la terre, la foulera aux pieds et l'écrasera.
(7,24)  Et les dix cornes : de ce royaume, dix rois se lèveront et un autre se lèvera après eux ; il sera différent des premiers et abattra les trois rois : Antiochus a abattu ses prédécesseurs<.

(7,25)  il proférera des paroles contre le Très-Haut et mettra à l'épreuve les saints du Très-Haut. Il méditera de changer les temps - calendrier liturgique - et le droit - la Torah (1 M 1,41-49))-  et les saints seront livrés entre ses mains pour un temps et des temps et un demi-temps. Ce qui fait trois ans et demi (Dn 9,27) qui ont valeur symbolique comme moitié du chiffre parfait et donc échec à l'entreprise.
(7,26)  Mais le tribunal siégera et la domination lui sera ôtée, détruite et réduite à néant jusqu'à la fin. 
(7,27)  Et le royaume et l'empire et les grandeurs des royaumes sous tous les cieux seront donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son empire est un empire éternel et tous les empires le serviront et lui obéiront." 
(7,28)  Ici finit le récit. Moi, Daniel, je fus grandement troublé dans mes pensées, ma mine changea et je gardai ces choses dans mon cœur.
(RELECTURE 2)

Rabbi Aqiba I° siècle ap JC, maître et docteur de la Mishna et du Midrash halakha. Un des fondateurs du judaïsme rabbinique.

Saint Aphraate le sage persan, IV° siècle, à Ninive, chef d'une communauté chrétienne.

Aqiba et Aphraate

(RELECTURE 2)

Guillaume de Saint-Thierry (v. 1085-1148), moine bénédictin puis cistercien La Contemplation de Dieu, 12 ; SC 61 bis (trad. cf SC p. 113)

Les Pères et la vision du fils de l'homme Dn 7

Toi donc, tu es la porte... Mais si nous voyons la porte grande ouverte dans le ciel, nous qui sommes sur terre, à quoi cela nous sert-il, à nous qui ne pouvons monter là-haut ? Paul répond : "Celui qui monte est celui-là même qui est descendu" (Ep 4,10). 
Qui est-il ? L'amour. 
En effet, Seigneur, l'amour qui est en nous monte vers toi là-haut, parce que l'amour qui est en toi est descendu vers nous ici-bas. Parce que tu nous as aimés, tu es descendu ici-bas, vers nous ; en t'aimant nous monterons là-haut, vers toi. 
Le livre de Daniel est anti-daté (il se présente comme un écrit ancien, du temps de l'exil à Babylone, alors qu'il a été écrit à Jérusalem, au moment des persécutions grecques, sous Antiochus Epiphane). Cet écrit avait pour but d'encourager les juifs à rester fidèles à leur foi, quoiqu'il arrive, car Dieu récompensera ses martyrs en leur donnant la vie éternelle (Dn 12).  
 La vision du chapitre 7 nous présente un scène de jugement dans lequel apparaissent deux figures célestes : l'Ancien, et le fils de l'homme

En bref, la vision du fils de l'homme

S'il est clair que l'Ancien représente Dieu, la figure plus jeune du "fils de l'homme" est plus difficile à interpréter. Certains exégètes y voient les martyrs remontant auprès de Dieu et participant au jugement divin, ce qui respecte la foi monothéiste juive.   
Pourtant, il n'est pas dit que le "fils de l'homme" monte au ciel, il en descend au contraire et il a en sa possession les attributs divins ! Certaines théologies juives de l'époque accepteraient-elles de la pluralité en Dieu ? (Boyarin "Le Christ Juif")  
Ce "fils de l'homme" peut-il être la part de divin qui reçoit et assume l'humanité des martyrs ?  
Il est important, en tous cas, de mesurer l'impact que ce texte a pu avoir chez certains juifs à l'époque de Jésus : si, près de Dieu, se tient un "fils" humano-divin, dont on attend la venue sur terre pour un jugement, alors, il est possible que des juifs aient reconnus en Jésus ce "fils de l'homme". Cela expliquerait la fréquence de ce titre dans les évangiles. 

Les publications de référence :

Les Seuils de la Foi

Editions Parole et Silence et Université Catholique de Lille

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